La proximité de l’autre, origine de toute mise en question.   E. Levinas, Altérité et transcendance

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contrilogo.gifContributions|Henri Duthu - Anthropologie biblique

ANTHROPOLOGIE BIBLIQUE[1]

 

Le ternaire [corps-âme-esprit] par Jacques Ouaknin

Le concept de corps pour un esprit qui pense à partir de l’hébreu

(8) Ce concept de corps pose problème. En effet, si nous cherchons le mot « corps » dans un dictionnaire, nous trouvons trois termes différents : Gouf, guérém,‘étsém. Gouf c’est le « corps » proprement dit, les deux autres termes signifiant plus précisément les ossements. Or ce terme Gouf largement employé en hébreu moderne pour désigner le « corps », n’est pas employé une seule fois dans la Bible !

Comment expliquer cette absence ou ce silence de la Bible ? Si le mot « corps » en est absent, on découvre par contre des parties de ce corps, nommément citées et qui remplissent une fonction spécifique. Au sujet de l’onction des prêtres ou de la purification des lépreux, il est question du lobe de l’oreille droite, du pouce de la main droite, du gros orteil du pied droit…Moïse étend la main vers le ciel pour accomplir les plaies d’Égypte. Souvent aussi, ces parties du corps sont citées à propos de Dieu de manière symbolique : le doigt de Dieu, la main de Dieu. 

Une première déduction pourrait laisser entendre qu’à l’origine la tripartition « Corps âme esprit » ne serait pas un concept juif et qu’il a été introduit tardivement dans la littérature spirituelle. En effet, ce mot connaît un emploi très fréquent dans les écrits post-bibliques, à commencer par la [2] et son complément la Guémara qui forment ensemble le Talmud [3].

(9) Tout au long de son histoire, le peuple juif a intégré des idées appartenant aux peuples qu’il a côtoyés ou parmi lesquels il a vécu, tout en coulant ces idées dans le moule de l’esprit propre au judaïsme.

Depuis les origines, l’homme perdu dans l’univers essaie de comprendre comment il se trouve là et pourquoi il s’y trouve, quel est le sens de sa vie, de son action, de ses pensées. Il sait que le monde qu’il habite n’est qu’une infime partie du système des mondes qui entourent le sien et que l’univers physique a son reflet dans un univers spirituel, que les mondes exercent les uns sur les autres une interaction perpétuelle. Au-delà des découvertes scientifiques, chacun demeure avec des questions sur sa destinée. À la lumière des enseignements des Docteurs de la Loi (appelés « sages [4] » ou « maîtres [5] »), chaque homme peut déclarer : « C’est pour moi que le monde a été créé.» Cette conception anthropocentrique de l’homme amène le Zohar [6] à présenter l’homme comme le Prince de la Création. L’homme est déclaré souverain sur toute la Création : « Fructifiez, multipliez, emplissez la terre, conquérez-la. Assujettissez les poissons de la mer, les volatiles des ciels, tout vivant qui rampe sur la terre… » (Genèse, 1, 28.)          

 

L’image du corps

 

 (21) Dieu forma l’homme – Adam, poussière de la « terre de l’homme »  « et insuffla dans ses narines un souffle de vie, et ainsi l’homme devint une personnalité vivante ». (Berakhot [7], 31b.)

Le corps n’est pas nommé et pourtant c’est bien du corps de l’homme qu’il s’agit. Dieu vient de le former à partir de la poussière de la terre ! En fait, ce que Dieu prend de la terre pour la formation de l’homme n’est que ce qui est ‘Afar, ce qui est terre en lui, qui provient de la terre et se désagrégera comme la poussière. Tout se passe comme si le corps de l’homme ainsi formé gisait inanimé et Dieu insuffla dans ses narines un souffle de vie.

Le texte biblique ne parle pas de Béfana? (face) mais de Béapa? (dans ses narines), de la racine Afaf (respirer fortement, désirer absorber avidement quelque chose).

(22) Contrairement aux animaux, la vie de l’homme n’est pas liée au corps mais à l’esprit. Dieu insuffle le principe vital par la tête, par la face ayant des narines pour ouvertures afin d’accueillir ce souffle divin. Dieu a tenu  à former l’homme de ses propres « mains » pour lui conférer un double caractère. L’homme unit en lui l’éternel et l’éphémère, le terrestre et le céleste. D’où l’emploi de deux Youd (y) dans le mot Vayyitsère (il créa, il forma).

Autre explication de l’emploi de deux Youd : du Bien et l’instinct du mal. Du fait de la coexistence du corps et de l’âme en l’homme, il est constamment tiraillé par deux tendances, l’une matérialiste, l’autre spirituelle. Aucune des deux tendances n’est mauvaise en soi, tout dépend de [l’intention qu’il y met]. Grâce à cette double aptitude, l’homme est le seul à pouvoir réunir le ciel et la terre, la matière et l’esprit.

Demout et Tsélém

Elohim dit : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance. » (Genèse, 1, 26.)

Ce corps créé par Dieu, à quoi ressemblait-il ? Le texte vient nous donner quelques précisions : BeTslaménou, KiDemouténou (à notre image et à notre ressemblance). Le mot Tsélém est en affinité avec Samal ou Simla (une robe) donc « une enveloppe extérieure ». Le mot Demouth (ressembler) a pour racine DaMaH (observer le silence).Devant son modèle, le Créateur, l’homme garde un silence respectueux.

Le corps est donc l’enveloppe matérielle de l’âme. Cet écrin, destiné à accueillir quelque chose de précieux, l’âme, essaie d’aspirer à la sainteté divine. Mais déjà nous pouvons noter cette exigence de la Tora : la sainteté du corps. Le corps peut se souiller mais il peut également retrouver sa pureté. 

L’image du corps

(21) « Corps âme esprit », nous pose également problème au niveau de l’âme car dans cette tripartition, l’âme apparaît comme une entité unique, alors que dans la Bible, dans le Midrach [8] et la Kabbale, l’âme se présente sous cinq noms, chacun des noms exprimant une réalité différente. Ces cinq noms représentent les cinq niveaux de l’âme : Néfèch, Rouah, Néchama, Haya, Yéhida.

Nous ne savons effectivement pas où se trouve l’âme, mais nous sommes certains que lorsque l’âme quitte le corps, nous nous trouvons en présence d’un cadavre, une matière inerte et périssable. Nous avons cependant une indication plusieurs fois répétée dans le texte biblique : « Vous ne mangerez pas le sang de toute chair, car le sang  c’est son âme » (Lévitique, 7,14.), ou encore « L’âme de tout être, c’est son sang » (Deutéronome, 12,23.)

Dans la plupart des Bibles, nous avons une traduction des versets cités : « L’être de toute chair, c’est son sang » ou encore : « Car la vie de toute chair, c’est son sang. »   

Adam, nom donné au premier homme, est composé de deux syllabes : A-Dam. Que peut suggérer ce nom ?

  • Tiré de la terre adama. L’homme est poussière de la terre.

  • Dam désigne le sang. L’homme ne vit qu’en possession de tout son sang.

  • A, se lit Aleph et fait allusion à Dieu.

Dam, le sang a pour valeur numérique 44 soit 41+3.

(25) Le chiffre 41 représente la valeur numérique de Eme (la mère) et 3, la valeur numérique de Ab (le père).

Trois associés président donc à la naissance de l’enfant : le père, la mère et Dieu : le père et la mère donnent le corps et Dieu l’âme.

Les niveaux de l’âme

(31) Lorsque les Kabbalistes évoquent la dualité existant dans le monde sous la forme du masculin et du féminin, il s’agit de décrire le rôle des forces actives et passives.

Pour parler de présence divine dans l’univers les kabbalistes utilisent des analogies avec l’homme, notamment dans les rapports de l’âme et du corps, mais ils rappellent avec insistance que tous les termes appliqués à Dieu doivent être vidés de toute connotation temporelle, spatiale ou sensorielle.

(32) Ainsi en est-il de la Lumière divine. « Cette Lumière n’a aucun caractère physique. Elle peut être traduite par ‘Énergie’ ou ‘Émanation’. »

C’est précisément parce que les métaphores et anthropomorphismes sont si nombreux dans le Judaïsme qu’il est indispensable d’insister sur le fait qu’il s’agit là de pures allégories, et aucunement de descriptions réelles. Ces symboles sont seulement des modèles. De là vient l’interdit de toute représentation plastique, inscrit dans le second des Dix Commandements.

Une des interprétations du nom de l’homme Adam est Adamé leElyone (je ressemble au Très-Haut). Chacun des organes de l’homme correspond à l’existence d’une essence donnée dans les mondes supérieurs. L’homme constitue en un certain sens un modèle de l’essence divine. L’âme humaine présente cinq niveaux hiérarchisés et liés entre eux, en particulier les trois premiers désignés habituellement par la formule NaRaNe, initiales des mots Néfèch, Rouah, Nechama.

Néfèch

Néfèch est employé pour traduire les notions « d’âme, de vie, de respiration » ou encore dans un sens courant de « personne, d’être vivant ». On trouve aussi le sens de « volonté, de désir, de sentiment, de passion » ou encore de « pierre tombale ».

(33) Dieu dit :

« Que la terre produise des êtres vivants (Néfèch haya) selon leurs espèces : bestiaux, petites bêtes… 

Les descendants de Jacob étaient, en tout, soixante-dix personnes (Néfèch).

L’être ou quelqu’un (Néfèch) qui faute par inadvertance…

Ils pleurent sur toi, dans leur amertume (bémar- Néfèch.

Dieu sauve-moi, l’eau m’arrive à la gorge (Néféch). »

Le mot Néfèch s’emploie aussi pour exprimer l’idée de se reposer, de se délasser, mais aussi d’animer, de ranimer.

Néfèch est le premier niveau de la dimension de l’homme. Dans la Bible, on le rencontre pour la première fois le quatrième jour de la création :

Dieu dit : « Que les eaux grouillent d’êtres vivants animés ! » (Genèse, 1, 24.)

Néfèch représente l’être vivant qui respire et qui peut se reposer après un effort. S’il s’agite jusqu’à perdre le souffle, sans prendre le temps de récupérer, c’est la mort. La Néfèch adhère au corps qu’elle sustente et dont elle pourvoit à tous les besoins. Elle est, en quelque sorte une force sensorielle et un instinct de conservation.

(34) Néfèch se manifeste dans le monde de l’action où elle peut s’accomplir pleinement. C’est le niveau le plus élémentaire de l’âme qui permet à l’homme d’exister, de se mouvoir et d’agir, mais aussi de penser, d’imaginer et de rêver. Cette étincelle divine se distingue des autres formes de vie, celle des animaux par exemple, en ce qu’elle possède en plus de l’élan vital un caractère spirituel et émotionnel.

Cette distinction par rapport aux autres créatures vivantes, n’empêche pas de donner le qualificatif de bahamit à ce premier degré de l’âme : Néfèch Bahamit (l’âme animale). Prisonnière du corps, elle présente un caractère commun aux « âmes » de toutes les créatures vivantes : elle fonctionne, ressent les mêmes besoins et est consciente d’être prisonnière d’une enveloppe matérielle, le corps. Au-dessus de cette âme primordiale, l’étincelle divine prend le nom de Rouah et permet à l’homme d’être conscient d’appartenir à une catégorie supérieure dans l’ordre de la Création par rapport aux animaux.

Rouah

D’après Rabbi Hayyim de Volozhyn (1759-1821), la Rouah est le lien qui fait se communiquer les deux aspects de l’âme situés aux extrêmes, Néfèch et Nechama.  Le souffle passe de la partie inférieure de la Nechama à la partie supérieure de la Néfèche, puis il descend et pénètre dans le corps de l’homme.

(35) Pour étayer cette théorie, Rabbi Hayyim se fonde sur le verset : «  […] jusqu’à ce que l’esprit soit répandu  d’en haut sur nous .» (Psaume, 32,15.) 

La Rouah est le moteur émotionnel  de la Néfèch. La Rouah correspond au « monde de la formation », elle est la source de l’ensemble des émotions et pulsions qui nous font exister. D’un point de vue sémantique le mot Rouah signifie « vent, air, souffle, respiration, esprit ».

Le philosophe platonicien Marsile Ficin de la Renaissance (1433-1499) écrit :

« Il y a en nous, c’est évident trois parties : l’âme le corps et l’esprit. L’âme et le corps, très différents l’un de l’autre par nature, sont unis par un intermédiaire, l’esprit ; il reçoit les puissances de l’âme et les transmet au corps ; elle examine les images corporelles qu’il lui communique. » 

Bien que selon le philosophe, la fonction attribuée à l’esprit, corresponde à celle de Rouah, dans la Tradition juive  « l’esprit » est une des composantes de l’âme  et non pas une entité indépendante. Rabbi Hayyim de Volozhyn écrit à propos des trois niveaux de l’âme :

« Si nous examinons le travail du souffleur de verre, nous pouvons y décerner trois étapes. La première est celle où le souffle est encore dans la bouche de l’artisan, avant qu’il pénètre dans le creux du tube. À ce stade on peut l’appeler Nechama, respiration.

(36) La seconde étape est celle où le souffle se trouve dans le tube et se répand en lui dans toute la longueur d’une façon rectiligne ; on peut alors l’appeler Rouah, vent. Enfin, la troisième et ultime étape, le vent quitte le tube pour pénétrer le verre et le distendre jusqu’à ce qu’il prenne la forme souhaitée par l’artisan. Le souffle cesse alors d’être actif, il est appelé Néfèch, pour marquer le passage à l’état de passivité, de repos.

Suivant cette analogie, nous pouvons distinguer également trois étapes : le souffle de la bouche du Saint béni soit-il, si l’on peut s’exprimer ainsi, qui passe dans la Nechama pour devenir esprit, Rouah, avant de pénétrer dans le corps de l’homme et devenir Néfèch. Elles correspondent aux trois manières d’être Néfèch, Rouah,  et Nechama. »

Nechama

Nechama vient de la racine NChM,  respirer, la même que pour le mot Nechima, la respiration, le souffle. Des trois niveaux de l’âme, Nechama est celui que l’on emploie le plus souvent pour désigner l’âme. En effet, dès qu’un juif ouvre les yeux après une nuit de sommeil, il déclare : « Je te suis reconnaissant Roi vivant et éternel, de m’avoir restitué mon âme avec amour, grande est ta fidélité ». ((Patah Eliyahou, Livre de prières).

(37) En plus du souffle de vie, il semble que la Nechama ait davantage une dimension spirituelle. Les trois niveaux de l’âme sont étroitement liés, chacun d’eux remplit une fonction spécifique, même si le langage courant imprécis emploie indifféremment l’un des noms pour un autre.

À l’origine l’âme est pure puisqu’elle est l’œuvre de Dieu. On conçoit aisément la vie de l’âme dans les sphères célestes à proximité du Trône divin, mais au niveau du corps humain, cette descente du ciel vers le « monde de l’Action » peut ressembler à une déchéance, à l’image d’une chute et non pas à la manière d’un épanchement.

(38) La raison de cette sensation réside dans la crainte de la Nechama de se souiller au contact du monde et de perdre de sa substance. N’eut été l’ordre divin de descendre dans le monde de la matière pour atteindre la perfection, l’âme n’aurait jamais accepté de quitter son lieu d’origine. En effet, dès sa création l’âme était destinée à acquérir un complément de perfection du côté du monde matériel, pour être restaurée par en haut et par en bas. Et elle ne peut accomplir cette destinée qu’en demeurant un certain temps dans le corps. Allant plus loin le Zohar (« Livre de la Splendeur » de la Kabbale) affirme que cette perfection de l’âme n’est pas une finalité en soi, mais seulement un moyen pour maintenir la Chekhina, la divine Présence dans notre monde.

Le péché originel

Cette idée de descente pour remonter plus haut explique le péché originel. Comment est-il concevable qu’Adam ait péché, alors qu’il se trouvait au Paradis, en présence Dieu ? En réalité, dans un désir de plus grande perfection, Adam s’est laissé aller à goûter au péché.

Adam avait reçu de Dieu un seul commandement – l’interdiction de consommer du fruit de l’arbre de la Connaissance du Bien et du Mal – il l’a transgressé et s’est retrouvé nu, dans tous les sens du terme.

Avant la faute, Adam n’avait pour ainsi dire pas de libre-arbitre. En effet, son libre-arbitre ne s’exerçait pas entre le Bien et le Mal , puisque le Mal lui était extérieur et il n’en avait jamais fait l’expérience.

(39) Le choix d’Adam portait en réalité, entre le Bien et un Bien supérieur. Le seul commandement qu’il reçut, ne pas manger du fruit défendu, consistait à ne pas intérioriser le Mal et à demeurer dans l’état où il avait été créé.

Or Adam  ressentait le besoin de s’élever pour mieux sanctifier l’Éternel ! Comment atteindre une perfection plus grande alors qu’il se trouvait au sommet ? Selon Rav Dessler (1922-1968), Adam pensait descendre d’un cran, entrer dans le Monde du Mal et de l’obscurité en désobéissant à l’ordre divin, et au milieu des difficultés accomplir un effort pour remonter la pente et arriver à un plus haut degré de perfection. Adam préférait mériter par ses propres efforts, la place reçue en cadeau à sa naissance. Malheureusement pour lui, Adam n’a pas pu remonter la pente glissante dans laquelle il s’était engagé. [Péché d’orgueil donc !]

L’origine divine de l’âme

Dans l’univers, l’homme est une créature à part du fait qu’il est créé à l’image de Dieu et de ce fait, il tient de Dieu un certain pouvoir qui peut agir sur le monde ici-bas et sur les mondes d’en haut.

(40) L’homme n’est pas la finalité de la Création, mais l’associé choisi par Dieu pour parachever l’œuvre d’achèvement de la Création. Ceci explique sa naissance le sixième jour lorsque tout fut prêt pour l’accueillir, après que Dieu eut créé le ciel et la terre, les astres, la végétation et les animaux.

Dieu a créé un monde inachevé pour que l’homme puisse le parfaire et pas seulement en être un usager.

Alors que toutes les autres créations ont vu le jour simultanément en plusieurs exemplaires, sinon en quantités infinies, l’homme, quant à lui fut créé en un exemplaire unique. À cela deux raisons :

  • d’une part l’unité de l’humanité. Personne ne peut prétendre être supérieur à autrui, puisque les êtres humains ont tous, en remontant aux origines, le même père et la même mère, Adam et Ève et,

  • d’autre part, l’action d’un individu engage le devenir de toute l’humanité. En d’autres termes, le monde est à considérer comme un équilibre harmonieux, l’action d’un individu peut faire basculer la balance de l’univers vers le Mal et altérer cette harmonie.

L’origine divine de l’homme peut apparaître comme un titre provocateur. Quelle créature sur terre n’est pas d’origine divine ? Le témoignage de la première page de la Bible n’est-il pas suffisant ?       

(41) Il existe cependant une différence entre toutes les créatures divines et l’âme. Certes le monde entier révèle le divin mais il reste toujours « autre », face à Dieu ; seule l’âme peut être considérée comme émanant de Dieu, comme une partie de Dieu ou bien comme le désigne la Kabbale « comme un fragment du divin d’En Haut ». 

L’âme occupe une place à part dans toute l’œuvre de la Création : grâce à l’âme qui anime le corps de l’homme, cette créature singulière est la seule qui ait une conscience de sa possibilité d’atteindre des sommets dans la connaissance de Dieu et la seule créature à disposer d’un libre-arbitre lui permettant de choisir son chemin et même de s’éloigner de Celui que Dieu lui a tracé.

De même que l’homme est unique – il n’existe pas deux êtres absolument identiques sur terre – de même l’âme est unique dans ses manifestations et dans son mode de fonctionnement. Aucune âme ne peut remplacer une autre, aucune vie ne peut remplacer une autre vie. D’où le respect porté à chaque individu du fait de son caractère unique.

L’âme n’est qu’une étincelle divine et à ce titre elle ne reflète qu’une partie de la lumière divine. Pour refléter davantage de lumière, elle a besoin d’un travail considérable pour se mettre en relation avec d’autres âmes.

Haya

(42) Haya est le quatrième niveau de l’âme, un degré de spiritualité qui englobe les sentiments et la réflexion intellectuelle.

De la racine YaYoH, vivre, vient le mot Hayyim, la vie. Haya apparaît dans la Bible accolé au mot Néfèch à propos de la formation de l’homme :

« Et l’Éternel-Dieu forma l’homme de la poussière de la terre. Il souffla dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant : le Néfèch-Haya » . (Genèse, 2, 7.)

Pour quelle raison prononce-t-on l’expression Léhayyim lorsqu’on boit un verre ensemble ? Le condamné à mort, buvait avant son exécution un breuvage antalgique que les Dames de Charité lui préparaient. Pour faire la différence avec le condamné à mort, on se souhaite vie et santé avant de trinquer ensemble.

Le souffle de vie donné à l’homme a une finalité : l’homme doit exprimer des louanges à son Créateur. La prière remplit cet office et permet à l’homme d’entrer en communication avec l’Éternel pour en recevoir la lumière.    

La Prière

(43) « La prière n’est pas un simple thème de réflexion ; elle est une expérience ; l’expérience la plus diversement riche et diverse, celle où se dévoile un rapport immédiat, mais profondément mystérieux, entre Dieu et l’homme ». Toutes les prières de la Bible sont des cris du cœur. Elles n’ont aucune forme particulière. Les hommes et les femmes s’adressaient directement à Dieu dans la langue qu’ils parlaient et selon l’inspiration du moment.

La prière la plus brève a été exprimée par Moïse pour demander à Dieu la guérison de sa sœur Myriam : « Oh Dieu, daigne la guérir ». (Nombres, 12,13.)

Les Membres de la Grande Assemblée [9], s’inspirant des Patriarches, instituèrent les trois prières quotidiennes obligatoires, Chaharit, récitée le matin, Minha récitée dans l’après-midi, et Maari? récitée après la tombée de la nuit.

Ils se sont inspirés de l’échelle de Jacob pour structurer les trois offices quotidiens. En haut de l’échelle était Dieu. C’est le lieu de la rencontre entre l’homme et son Créateur c’est dans le silence et la méditation que la Yéida (l’âme à son niveau suprême) peut s’unir à la Lumière divine.

La prière est désignée par le mot Téfila, de la racine PaLeL signifie jugement. L’homme en prière se remet en question  pour voir clair en lui, pour « réparer » ses erreurs, en neutralisant le désordre qu’il introduit dans le monde afin de ramener la Chékhina, la présence divine, et faciliter ainsi l’accès à Devéqout, à l’union avec Dieu dont il est question à propos de Yéhida, le cinquième et ultime niveau de l’âme.

(44) Nos Maîtres disent à propos de la prière :

Certaines communautés s’efforcent de donner au service religieux une solennité qui les rend émouvants. L’émotion pourrait être suscitée par des artifices extérieurs : la voix du chantre,  le Hazane (à partir de treize ans révolu), le chant du chœur ou des fidèles, la prédication ou tout simplement l’ambiance qui règne à la Synagogue, mais la prière elle-même dont le sens échappe à bon nombre d’assistants, ne participe pas à cette émotion.

Ce reproche adressé à toute prière publique, quelle que soit la profession, n’écarte pas le mérite des individus qui, au milieu de l’assemblée des fidèles, trouvent le moyen d’accéder à cette ferveur religieuse  rendant possible le sentiment de proximité de Dieu.

La prière juive n’est pas accomplie lorsqu’on a lu les textes du Siddour (livre de prières juives). La Tradition exige que certains textes soient repris s’ils n’ont pas été dits avec ferveur car la prière véritable est avant tout une pensée en action un engagement personnel. En effet, depuis la destruction du Temple de Jérusalem, la prière remplace le culte sacrificiel selon la formule : « Nous paierons des bœufs de nos lèvres ».

(46) Bien que la prière fixée par nos maîtres soit un devoir lié à un moment de la journée qui ne laisse aucune place à l’initiative et au sentiment personne, cette « prière-devoir » constitue en fait le meilleur tuteur pour l’homme, l’indicateur de tension, la matérialisation de sa route. La ferveur de la Kavana (racine signifiant orirenter), l’orientation de son esprit et de son cœur permet à l’homme de découvrir le lien véritable qui unit son âme au Créateur et la place qu’elle occupe dans le projet divin de la Création.

Prière spontanée

(47) Rabbi Simon ne semble pas s’intéresser à la prière spontanée, car elle a une valeur limitée, du fait de souffrir, dans une certaine mesure, d’un arrière-goût d’aliénation [au détriment de l’invoqué]. En effet, pour répondre à un besoin égoïste, le priant s’érige en finalité et réduit Dieu en quelque sorte, à un  moyen lui permettant d’arriver à ses fins. Pour Rabbi Simon une prière conçue uniquement en fonction de besoins de l’homme et de son état d’âme, cesse d’être un acte religieux pour devenir une de ses activités faites pour répondre à ses besoins affectifs ;

Ce jugement catégorique porté sur la prière spontanée correspond bien à ce que le Judaïsme contient de plus profond et de plus essentiel.

(48) « Il existe, en effet, deux types d’attitudes religieuses :

  • Celle qui se fonde sur des croyances, même si elle implique des actes, et qui a l’homme pour finalité et, par son biais, Dieu lui propose ses bons offices. C’est une religion du même type que la Christianisme, dont l’attribut suprême est la Croix, c’est-à-dire le symbole du sacrifice consenti par Jésus en faveur de l’homme.

  • Celle qui est fondée sur la Mitsva, le devoir, la Loi, qui se définit par l’exigence d’une interpellation : elle fait de l’homme l’instrument d’une finalité dont le symbole est le sacrifice d’Isaac : Dans un esprit de total désintéressement et de parfaite abnégation, l’homme affirme que Dieu est seul digne d’être servi et adoré. C’est la victoire de l’homme sur la matérialité et sur la nature, une victoire dépassant sa propre nature et ses propres besoins. »            

La prière spontanée n’en garde pas moins toute sa valeur à condition d’être exprimée avec un cœur sincère et beaucoup de ferveur.

Yéida

(49)Yéida, « unicité », est le cinquième et plus haut niveau de l’âme. La singularité de chaque âme se traduit au niveau du caractère unique de chaque être humain. Chacun a sa vocation propre à réaliser et il est le seul à pouvoir la réaliser. C’est donc la Yéida qui inspire le sentiment de responsabilité à chaque individu. Cependant, c’est au niveau de l’approche de la Lumière primordiale que se distingue la Yéida. Nombreux sont les appelés mais rares sont les élus. La Yéida se situe au-delà du monde le plus spirituel, le monde de l’émanation, dans un lieu où l’âme peut entrer en contact avec le Ein Sof, l’infini insaisissable.

À ce niveau de méditation, les paroles deviennent inaudibles. C’est le silence, l’isolement total du monde, l’abstraction de soi-même, la contemplation, l’extase.

Les secrets des mondes

Le Tsimtsoum

(56) La révélation divine au monde n’a été possible que grâce à ce retrait de Dieu sur lui-même, le Tsimtsoum.

Nous sommes en présence d’un paradoxe : nous parlons de Dieu comme si l’homme pouvait l’enfermer dans une définition ou dans une formule, alors que son essence est indéfinissable même s’il est désigné par le Ein-Sof, par l’infini.  Là réside probablement la raison de l’interdiction  d’écrire ou de prononcer le nom de Dieu, que la Tradition désigne par Hachème, « le Nom » par excellence.

Le processus résultant du Tsimtsoum pourrait être représenté schématiquement ainsi n : Dieu, c’est-à-dire le Ein-Sof, la divinité proprement dite a suscité le Or Ein-Sof, une émanation de Dieu  pour lui-même d’où part la Lumière créatrice des Séfiroth. Les Séfiroth correspondent au Tétragramme le nom divin de YAWH (Youd Hé Waw Hé).

Les Séfiroth

(57) « Le Prophète Élie entonna son oraison : Maître des mondes. Tu es Un…Aucune pensée ne saurait le saisir…Afin de diriger des mondes secrets inconnus et d’autres plus connus ? Tu as fondé dix voies que nous intitulons Séfiroth. Groupées, les Séfiroth portent les noms suivants auxquels correspondent en une figure schématique les membres du corps humain.»

Selon la Kabbale, ce mot signifiant « sphères », désigne la Lumière qui a donné naissance à l’univers et grâce à laquelle l’univers se maintient et continue à subsister. Lorsque cette Lumière primordiale s’introduit dans l’univers pour donner un souffle de vie à toutes les créatures, elle se divise en dix entités dynamiques qui répandent la vie dans toute la création. Chaque entité représente une force particulière et prend le nom de Séfira.

(58) La combinaison des Séfiroth entre elles, explique le caractère particulier de chaque élément de la création.

Le mot Séfira ayant pour racine SFR ou SPR, peut être rapproché de Mispar (un nombre), de Séfér (un livre), de Sapère (raconter), Safir (pierre précieuse), de Safra (un scribe). Les significations différentes de  la racine safer  décrivent les manifestations  des Séfiroth à différents stades.

Dans la représentation anthropomorphique des Séfiroth, chaque Séfira gouverne une partie du « corps humain » de l’Adam Kadmone (l’ homme antérieur), bien qu’il n’y ait pas d’antériorité au niveau de Dieu.  Au nombre de dix, les Séfiroth se répartissent ainsi :

  • 1) Kétèr : la Couronne, au-dessus de la tête.

  • 2) Hokhma : la Sagesse, à droite du cerveau.

  • 3) Bina : l’Intelligence, à gauche du cerveau.

  •     Daath : la Connaissance, au centre du cerveau.

  • 4) Hessèd : l’Amour, la Générosité, bras droit.

  • 5) Gvoura : la Force, la Rigueur, bras gauche.

  • 6) Tiférèt : l’Harmonie, au centre, le cœur.

  • 7) Netsah : l’Éternité, la hanche droite.

  • 8) Hod : la Splendeur, la hanche gauche.

  • 9) Yessod : la Fondation : le Sexe au centre.

  • 10) Malkhout : la Royauté, en bas, en dehors du corps.

(59) Dans le système du Arizal, Kéter ne compte pas parmi les dix Séfiroth, car cette Séfira se situe à un niveau supérieur, intermédiaire entre le Or Ein-Sof et les Séfiroth. Le Arizal introduit Daath pour compléter les dix Séfiroth.

Au sens étymologique, Daath signifie attachement, union mais aussi connaissance. Par exemple Adam connut Eve signifie s’unit à elle (Genèse, 4,1.) Il s’agit d’un  principe unificateur qui réalise la jonction entre Hokhma et Bina et forme ainsi le premier groupe de Séfiroth  correspondant au « monde de l’Émanation », Olam haAtsilouth.

Dieu se dissimule à l’homme par les Séfiroth et c’est Lui qui les relie et les unifie. Comme Il se trouve à l’intérieur, quiconque sépare l’une des dix Séfiroth, rompt si l’on peut dire ainsi l’Unité divine. Chaque Séfira a un nom connu mais Dien n’a pas de Nom connu car il remplit tous les noms et Il est leur perfection. Si Dieu les quitte, tous les noms sont comme un corps sans âme.

Les Séfiroth se déploient de haut en bas, mais les énergies qu’elles impriment aux créatures pour leur permettre d’exister, se déplacent de haut en bas et de bas en haut. Il existe une interaction entre les Séfiroth. Ainsi la main droite, siège de Hessèd , amour, bienveillance, vient tempérer l’action de la main gauche, celle de la rigueur, la Gvoura. La pratique quotidienne a intégré ces notions dans des gestes qui symbolisent la volonté de tempérer la rigueur, par la bienveillance et l’amour. Telle l’ablution des mains le matin, dès le saut du lit : on prend le récipient rempli d’eau dans la main droite, on le transfère à la main gauche et on verse l’eau d’abord sur la main droite. Ensuite on prend le récipient de la main droite et on verse l’eau sur la main gauche. On procède ainsi trois fois.                                                                           

À quelle nécessité répond le système des Séfiroth ?

(60) Par leur intermédiaire, c’est-à-dire « émanation de Sa lumière par degrés successifs », Ein-Sof, Dieu infini, peut se manifester dans l’univers et permettre de traduire les potentiels divins en termes d’actions.

Les Séfiroth réparties en quatre catégories, correspondent chacune à un monde différent, plus ou moins proches de l’Ein-Sof, source d’énergie ou lumière de l’infini. Ces mondes se déploient du haut vers le bas, mais les hommes les appréhendent du bas vers le haut. Les deux premiers ont résisté à la Lumière divine, tandis que les autres ont éclaté comme des vases, d’où le terme de « Vases brisés » que l’homme a pour tâche de restaurer. Ils portent les noms suivants :

  • Olam haAtsilouth ou monde de l’émanation.

  • Olam haBeriya ou monde de la création.

  • Olam haYétsira ou monde de la formation.

  • Olam haAssia ou monde de l’action.

Monde de l’action

Le monde dans lequel l’homme organise sa vie se situe au plus bas de la hiérarchie. (61) C’est le monde dans lequel aboutit la lumière de l’Ein-Sof après avoir traversé les trois mondes précédents. Ce monde de l’Assia est lui-même divisé :

  • en une partie inférieure, le monde physique, où prédominent les lois naturelles et où se réalisent les actes matériels,

  • et une partie supérieure où se manifestent les actions à caractère spirituel.

Chaque aspect de l’existence humaine est donc constitué à la fois de matière et d’esprit, ce qui se traduit par la formule usuelle : « L’homme est formé d’un corps et d’une âme. »

Monde de la formation

Immédiatement au-dessus du monde de l’action, le monde de la formation (Olam haYétsira) est essentiellement celui des sentiments et des diverses émotions éprouvées par l’homme.

(62) Dans ce monde de la formation vivent des êtres particuliers que l’on a coutume d’appeler des Anges Malakhim. Aucun ange ne ressemble à un autre sur le plan des qualités liées à sa fonction . Bien que n’ayant pas de réalité physique un Ange est capable d’agir et d’accomplir certaines missions, conscient de lui-même et de son environnement. Il est avant tout un messager qui assure un lien permanent entre le monde de l’action et les mondes supérieurs. À la différence de l’homme doté d’une âme complexe, le Malakhim lui, est un être unidimensionnel comportant une essence unique. Alors que l’Ange invariable et statique, n’a aucune possibilité de chois, l’homme peut s’élever ou au contraire chuter du fait de la complexité de son âme et de son aptitude à choisir entre le Bien et le Mal. Dès sa création, le Malakh (messager) est destiné à une fonction bien définie qui lui est imposée aussi bien au niveau de son contenu que par sa durée. Les Anges peuvent être recréés dans les divers mondes. Nos Sages affirment que les Anges sont constamment recréés dans le « monde de l’action ». Chaque fois que l’homme agit, il donne naissance à un Malakh : ange accusateur si l’action ou bien ange défenseur si l’action est bonne.

Le monde de la création

(63) Comme le « monde de la formation », siège d’existences spirituelles dont l’essence est pur sentiment et pure émotion, le « monde de la création » situé au-dessus de lui est lui aussi le siège du « pur esprit », de la capacité d’appréhender l’essence authentique et intime des choses, de la faculté de concevoir et d’intégrer la connaissance.

Avec ses palais nombreux et variés, le « monde de la création » est également appelé le « monde du Trône ». Le Trône divin ou Char divin remplit la fonction d’un canal  par lequel passe le flux divin avant d’atteindre les créatures et tous les éléments complexes de tous les mondes.

Maasé Merkava (métaphysique) ou l’œuvre du Char divin constitue le secret le plus élevé de la doctrine ésotérique. L’homme ne peut atteindre ce monde-là qu’en parvenant au plus haut de soi-même Au-delà de cette perception, il ne peut avoir que de vagues intuitions de ce qui se passe dans les mondes supérieurs. Toutefois, il prend conscience de façon tout à fait claire que Dieu est la cause première et le moteur de toutes les forces agissant dans les mondes.

Pour arriver dans le monde de l’action dans lequel nous vivons, la lumière de l’Ein-Sof doit traverser de haut en bas, le monde de l’émanation, le monde de la création et le monde de la formation.

(64) Cette traversée rencontre une plus grande transparence dans les mondes supérieurs et une opacité plus importante au fur et à mesure de la descente vers les mondes inférieurs. En raison de l’existence des intermédiaires, certains hommes peuvent ignorer que l’origine de leur vie vient du flux divin. L’élévation personnelle permet,  à celui qui peine pour y arriver, de mieux saisir l’origine divine de toute chose ;

Le monde de l’émanation

« Le monde de l’émanation » (Olam haAtsilouth) est d’une transparence absolue. Il est le plus élevé des mondes où l’homme peut entrer en contact avec le Ein-Sof. Aucune barrière ni aucun écran ne peut cacher la divinité révélée. Pour permettre à ce premier monde d’exister, l’essence la plus élevée de la Source divine a dû se contracter pour permettre aux autres mondes séparés de voir le jour. C’est le phénomène du Tsimtsoum par « retrait » ou « rétraction ».

Les Maîtres de la Kabbale se sont attachés à montrer l’Unité de Dieu dans toutes ses manifestations diverses, malgré la multiplicité des Séfiroth et des mondes différents, et de toutes les notions et anthropomorphismes divers auxquels les Kabbalistes ont eu recours pour expliciter le Phénomène de la Création et de la direction de l’univers physique et spirituel.

L’esprit directeur

Le rôle de l’esprit

(69) Lorsque le monde était prêt pour l’accueillir, l’homme, prince de la création, fut placé dans son univers. Sa qualité majeure fut d’être à l’image des Séfiroth divines qui ont donné naissance à son âme.

Tout en essayant de tendre lui-même à la perfection, l’homme s’est vu doter  du pouvoir de perfectionner les puissances divines.

La source de l’âme est dans la Divinité elle-même, dans le monde des Séfiroth. L’âme a un père et une mère, comme le corps a un père et une mère. D’ailleurs dans toutes les régions d’en haut et d’en bas, tout provient du masculin et du féminin (Zohar- Livre de la Splendeur).

(70) L’âme est une étincelle divine, une entité différente de tout ce qui existe. Vivant dans le monde étranger d’ici-bas, elle n’aspire qu’à remonter à sa source. Cette libération se produit au moment de la mort, lorsque l’âme quitte son enveloppe charnelle, le corps dans lequel elle se trouve pour un exil essentiel.

L’âme qui permet à l’homme une vie harmonieuse tant sur le plan physique que psychique et spirituel, est éminemment complexe. Bien qu’elle ne forme qu’une seule entité, elle se présente sous différentes facettes. Chaque âme est unique et aucune âme ne ressemble à une autre, d’où le profond respect que le Judaïsme voue à chaque vie humaine.

L’âme ne doit pas être perçue comme n’ayant qu’un seul caractère ou une qualité unique. Les niveaux de l’âme sont à mettre en rapport  avec les Séfiroth et les mondes dans lesquels elle évolue :

  • Néfèch : monde de l’action.

  • Rouah : monde de la formation.

  • Nechama : monde de la création.

  • Haya : monde de l’émanation.

  • Yehida : se situe au-dessus de tous les mondes, et exprime la situation d’intimité avec le Ein-Sof.

La Rouah, le souffle de vie conféré par le Créateur à toute la création, traduit en réalité, ce que l’on désigne par Esprit. L’esprit de toute chose indique une direction, une orientation, une finalité.

(71) « La terre était Tohu Bohu et l’Esprit de Dieu régnait sur la surface des eaux. » L’Esprit de Dieu plane au-dessus de la création indifférenciée pour conférer la vie à toute chose et octroyer à chaque créature ses caractéristiques et sa finalité.

L’échelle de Jacob

En route pour Haran  pour fuir son frère Esaü qui le menaçait de le tuer, Jacob atteignit le « lieu » où se déroula le Sacrifice d’Isaac (Genèse 22,  1-9), et comme le soleil déclinait, il y passa la nuit. Dans son sommeil Jacob fit un rêve : « Et voici une échelle dressée vers la terre et son sommet atteint le ciel, et voici des messagers d’Elohim y montent et descendent. » (Genèse 28,12.)

Le texte ne dit pas « dressée sur terre mais dressée vers la terre ».Il y a donc mouvement du haut vers le bas, ce qui laisse entendre que cette échelle télescopique descend jusqu’à atteindre la terre.

La symbolique de cette échelle est claire pour l’auteur du Zohar : c’est l’âme vivante, Nichmat Hayyim de l’homme qui émane de la Bouche de Dieu, et descend progressivement entraînée par la Rouah jusqu’à ce qu’elle parvienne dans le monde de l’Action, dans le corps pour lui donner vie. 

(72) Le fait que dans le rêve les Anges montent d’abord puis descendent, ce qui est contraire à la nature des Anges d’origine céleste, donne une indication sur la responsabilité de l’homme dont la tâche essentielle est de porter chaque monde à un monde plus élevé. Par conséquent, de l’action de l’homme dépend l’épanchement de la Lumière sur terre, ainsi que le dit le rêve : « Et voici l’Éternel YHWH se tenait au-dessus de lui. » (Genèse 28,13.)

L’échelle de Jacob représente à la fois le schéma des trois âmes NaRaNe et le lien entre ciel et terre, symbole de Rouah.

Rouah signifie « esprit » mais aussi «parole ». De fait, la parole est aussi une modulation du souffle sur les cordes vocales. La parole est la résultante entre les consonnes et les voyelles. L’existence de voyelles différentes permet d’obtenir des sons et des informations de sens différenciés, mais aussi des variétés de vibrations ayant des effets importants pour l’ensemble de l’organisme humain.

(73) Pour obtenir des sons différents, le souffle est canalisé avec plus ou moins d’intensité. C’est l’esprit qui donne la direction du « vent » en fonction de ce que le cerveau a décidé.

L’esprit du Chabbath

Le chabbath est la Mitsva (bonne action agréable à Dieu) par excellence qui traduit le mieux l’esprit du Judaïsme, à tel point que l’on désigne une personne religieuse par le terme de Chomère-Chabbath, un observant du « Chabbath ».Les deux passages essentiels se trouvent dans les deux versions du Décalogue cité deux fois dans la Tora (avec certaines différences entre les deux versions Exode 20 et Deutéronome 5) : « Garde le jour du Chabbath pour le sanctifier…Durant six jours tu travailleras et feras ton ouvrage, mais le septième sera le Chabbath pour l’Éternel. Tu n’y feras aucun travail, ni toi ni ton fils ni ta fille…ni ton âne. » (Deutéronome 5,12.)

Tout un traité du Talmud se rapporte au Chabbath d’où ont été tirés de nombreux chapitres consacrés aux modalités d’applications (39 catégories de travaux interdits, travaux nécessaires à l’édification du Sanctuaire dans le désert d’où sont tirés quantité de travaux dérivés également interdits) 

(74) Le Chabbath est davantage qu’un jour de repos hebdomadaire ordinaire. Il est tout d’abord un rappel que le monde a été créé, et comme toute chose créée, le monde ayant un commencement aura nécessairement une fin. Ensuite il est l’affirmation que le monde a un maître et que nous en sommes les témoins.

Le Chabbath est aussi un rappel de la dignité de l’homme par l’abolition de l’esclavage ; ce jour-là il n’y a plus ni maître ni esclave, ni pauvre, ni riche. « Tu n’y feras aucun travail, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante… » Tout le monde est appelé à se sanctifier.

L’homme redécouvre sa véritable dimension, un être qui peut être noble, un Prince selon l’expression du Midrach. […]

(75) Pendant six jours l’homme se trouve sous l’emprise de la nature, des conventions sociales, de la civilisation. Le septième jour, s’opère en lui un certain détachement de toutes les affaires du monde pour satisfaire les besoins de son âme. Le corps lui-même y trouve son contentement lors des trois repas obligatoires, repas qui ne donneront aucun souci à la maîtresse de maison, puisqu’ils auront été préparés la veille, avant l’entrée du saint jour dédié au souvenir de la Création, de la Sortie d’Égypte et de la Rédemption [du Peuple Juif : Esaïe - 53 conclut que lorsque viendra cette rédemption, les nations reconnaitront et accepteront leur responsabilité pour le rôle qu’elles ont joué dans l’immense souffrance infligée aux Juifs et la mort de ces derniers.]

Pour la sanctification du septième jour, un sens est donné à l’histoire et à sa finalité : parfaire et réaliser le monde pour proclamer la gloire de l’Éternel.

Le Chabbath est représenté symboliquement par la lumière centrale de la Ménora, le Chandelier du Temple de Jérusalem. Ce Chandelier comportait sept branches. Les trois lumières de chaque côté étaient tournées  vers la lumière centrale […]

(76) Sans la Midrach halakha qui fixe les modalités d’application du Chabbath, nous n’aurions jamais su comment le célébrer ni comment le sanctifier. Le Chabbath est un paradigme. En vérité tous les autres devoirs religieux sont soumis au même traitement : nécessité d’une préparation, c’est-à-dire connaissance préliminaire du devoir à accomplir au niveau des modalités pratiques et compréhension de la finalité de l’acte. 

Les nourritures humaines

La Tora a légiféré de manière insistante dans deux domaines sensibles, communs à tous les êtres humains :

  • le domaine de la nourriture lié à l’instinct de conservation,

  • et le domaine sexuel lié à l’instinct de reproduction.

Le maintien de l’âme dans le corps ne peut s’effectuer que grâce au manger et au boire. Tous les hommes ne suivent pas un régime alimentaire identique : il varie selon la contrée et l’époque. L’âme juive ayant assisté à la promulgation de la Tora au Mont Sinaï nécessite, pour s’épanouir et conserver sa santé spirituelle, un régime particulier. Ce régime  a pris le nom de Cacherouth, d’une racine signifiant « apte à, bon pour, convenable, opportun ». Avec son cortège de lois complexes  et précises comparables à une ordonnance médicale, le Cachère relève davantage du domaine du spirituel même si sa réalisation plonge totalement dans la vie matérielle.

Comment l’âme, étincelle divine toute spirituelle, est-elle concernée par un régime alimentaire tout matériel, puisqu’elle ne mange pas et ne boit pas ? La raison en est simple : son maintien dans le corps auquel elle est intimement liée pour un temps dépend de la nutrition. Les lois de la Cacherouth ne relèveront donc pas uniquement d’un souci culinaire, mais d’une volonté supérieure exigeant la pureté de l’âme […].

(78) Le peuple juif fait preuve de jeunesse, de dynamisme, de progrès dans tous les domaines, ceci malgré des périodes sombres, souvent dramatiques. C’est un miracle permanent que nous générons par notre  fidélité à la Tora et que nous provoquons par notre acharnement à vouloir demeurer  dans le sillage de la Lumière divine, malgré notre volonté de nous intégrer parfaitement dans les pays de notre résidence.

Les nourritures de l’âme

(79) Il existe chez tous les peuples des traditions culinaires mais aussi des restrictions alimentaires. Les Musulmans par exemple, ne consomment pas de porc parce qu’il est « cochon », sale et répugnant, se nourrissant de n’importe quoi alors que la chair de chameau est appréciée […]

(80) La viande cachère ne se distingue en rien de la viande « hallal » puisqu’elles proviennent de bêtes abattues au couteau. Mais l’aliment cachère ne se distingue de tous les aliments similaires  que du point de vue spirituel. Nos Sages affirment que pour un juif, la nourriture cachère ouvre la voie à la compréhension de la Tora, alors que les aliments non cachères lui bouchent les canaux qui mènent à la spiritualité. D’après la Tradition juive, il n’existe pas de séparation entre le corps et l’âme, entre la vie matérielle et la vie spirituelle. Manger est un acte éminemment spirituel qui nécessite une hygiène corporelle et des prières spécifiques pour jouir des biens que Dieu met à notre disposition dans ce monde.

(81) N’est-ce pas le symbole même représenté par le Maguèn-David !

Depuis la destruction du Temple de Jérusalem, la table familiale est devenue en quelque sorte, un autel de sacrifices. Les Juifs pratiquants ont d’ailleurs soin de se mettre à table avec la même tenue que pour se rendre à la Synagogue, la tête couverte.

(83) Les quadrupèdes permis se définissent par deux critères : être ruminants et avoir des sabots cornés et fendus. Ainsi le chameau, ruminant mais n’ayant pas le sabot corné et fendu est interdit Le porc qui a les sabots cornés et fendus mais qui ne rumine pas est interdit.

Tout ce qui vit dans l’eau doit également présenter deux caractéristiques : avoir des écailles et des nageoires. Tous les autres poissons et fruits de mer sont interdits. Les oiseaux n’ont pas de signes distinctifs. En général, seuls les oiseaux de basse-cour sont autorisés. Les rapaces sont interdits.

La lettre et l’esprit

(87) La Mitsva (pluriel Mitsvoth) constitue une source suprême d’intuition et d’expérience religieuse. Les Mitsvoth désignent les ordres divins à l’intention du peuple juif, contenus dans la Tora et qui sont au nombre de 613 dont :

  • 365  négatives, c’est-à-dire des actions à ne pas faire. Ces 365 interdits correspondent aux jours de l’année solaire pour signifier que l’homme doit, chaque jour, savoir se maîtriser. Certains disent qu’ils correspondent aux 365 artères du corps humain.

  • 248 positives, c’est-à-dire des actions à faire. Elles correspondent aux différentes parties du corps qu’elles vivifient.

(88) Les Lois noahides, décrétées au lendemain du Déluge au temps de Noé ne comptent que 7 Mitsvoth et concernent tous les humains. Ce sont :

  • a/ Établir la justice.

  • b/ Ne pas blasphémer

  • c/ Ne pas s’adonner à l’idolâtrie.

  • d/ Ne pas commettre d’inceste.

  • e/ Ne pas commettre de meurtre.

  • f/ Ne pas commettre de vol.

  • g/ S’abstenir de manger un animal vivant.

Quand la Tora lui intime l’ordre d’être saint, cela signifie pour l’homme de s’éloigner de toute impureté physique  et spirituelle pour protéger aussi bien son âme que son corps.

Des actes de bienfaisance tels qu’aider son prochain, donner l’aumône à un pauvre ou consoler la veuve ou l’orphelin, accomplis spontanément, dans un geste de générosité, sont des actes louables et méritoires mais ils sont dépourvus de toute auréole de sainteté. Ces mêmes actes acquièrent un caractère de sainteté lorsqu’ils sont accomplis au titre d’un commandement divin.

Ainsi, nos Sages pensent que contrairement aux idées reçues : « Plus grand est celui qui accomplit un acte commandé, que celui qui accomplit un acte spontanément ».

En effet, un ordre divin, fait de l’individu un ambassadeur de l’Éternel. La Mitsva fait de l’homme un chargé de mission.

(89) Une même action peut être méritoire et louable en soi, en raison de sa valeur intrinsèque, mais elle demeure un acte isolé. Le même acte ordonné par Dieu devient une grande lumière, parce qu’il est relié à la source de la Lumière. Il est évident que la personne qui a pris l’habitude d’agir pour obéir à la Loi, finit par acquérir un acte conditionné chaque fois qu’une bonne action se présente à elle : elle agira spontanément pour accomplir cette bonne action parce qu’avabnt tour, elle est une Mitsva, un ordre divin.

(89) Rencontrer Dieu c’est parvenir à une certitude intérieure de Sa réalité et à une conscience de Sa volonté. Or nous ne pouvons vivre cette présence et cette volonté que dans la Mitsva (ordre divin) révélée par la Tora. Lorsque j’accomplis une Mitsva avec la volonté de réaliser un ordre divin, je me rends présent à Dieu et je suscite Sa divine bénédiction.

Le Judaïsme n’est pas synonyme de légalisme ; cependant la Loi révélée est indispensable au maintien du monde qui a besoin de la lumière venue d’En-Haut, lumière qui se dégage de chaque commandement divin dont le moteur est l’amour : l’amour de Dieu et l’amour des hommes.

La pureté de la pensée et de l’intention au moment de l’accomplissement d’un devoir, permet d’opérer des restaurations importantes dans les mondes supérieurs. Cependant la pensée et l’intention seules, sans les actes sont incapables d’accéder à ces sommets.

L’amour humain 

(90) Nous sommes tellement habitués, à travers toute la littérature, à considérer la relation sexuelle  comme un péché de la chair qu’il nous difficile de l’imaginer comme le moment le plus sacré et le plus enrichissant dans la vie d’un couple.

(91) Ahavah, l’amour et Ehad, Un, ont la même valeur numérique – treize. Si nous associons l’amour et l’unité nous obtenons le nombre  vingt-six, valeur numérique de YHWH. Quand un couple s’unit dans une relation d’amour, loin de commettre un péché de la chair ou de céder à un désir charnel, il reflète et révèle la présence divine. La Tora dit à ce sujet : « C’est pourquoi l’homme abandonnera père et mère pour s’attacher à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Genèse, 3,16.) Une seule chair c’est aussi le fruit de l’amour, l’enfant. Or le Talmud dit : « Trois associés président à la naissance d’un enfant : l’homme, la femme et Dieu. L’homme et la femme donnent le corps et Dieu insuffle l’âme. »  

Lorsqu’un homme se marie selon la Tradition juive, il s’engage devant témoins à assurer à son épouse, selon les termes mêmes de la Tora « la nourriture, l’habillement et le devoir conjugal », trois clauses inscrites dans la Ketouba, l’acte de mariage.

La reconnaissance de la sexualité féminine est la pierre angulaire du système divin  gouvernant la vie de famille et les relations conjugales. L’intimité conjugale n’est pas une concession laissée à l’appréciation du seul mari. Elle est une Mitsva, un commandement, un dessein religieux, par conséquent un acte éminemment saint. La Mitsvath Ona, « le temps d’aimer », doit être assuré à la femme et fait partie de ses droits.

(92) Le terme « Ona » signifie « période », faisant allusion à la fréquence des relations intimes, mais il signifie également « réponse », l’intimité conjugale est une répose à la demande et au désir de la femme, en dehors de toute considération de procréation. À propos de Genèse 3,16 : « À la femme Il dit : Je multiplierai ta peine et ta grossesse, dans la peine tu enfanteras des fils ; la passion t’attirera vers ton époux et lui te dominera »

Rachi explique que les femmes ont une plus grande capacité de désir sexuel que les hommes. Ce désir n’est pas simplement celui de l’activité physique, mais l’expression d’un acte de sainteté et d’amour. Si l’acte sexuel se réduit uniquement à une jouissance physique, la femme en ressent une certaine frustration. La femme a besoin de vivre le rapport sexuel au-delà de l’intimité charnelle. Elle le conçoit comme un véritable investissement de tout son être, comme une profonde satisfaction émotionnelle et comme une reconnaissance de son existence, de sa dignité, de ses aspirations en tant que femme, de la part de son partenaire. « Les femmes ont un lien naturel et intuitif avec la volonté de Dieu. La plus grande proximité de la femme avec la volonté de Dieu se reflète particulièrement dans son approche avec la sexualité. Elle a reçu la capacité naturelle de percevoir l’intimité conjugale comme sainte et divine. »

(93) Il est évident que l’activité sexuelle devra obéir à certaines normes, dans des conditions propices à susciter le dialogue, l’affection et le respect du partenaire. La sexualité comme fonction sainte devra s’exercer dans la cadre de la sainteté, la Taharath Hamichpaha (pureté familiale)[…]

Lorsque Dieu ordonne la première Mitsva à l’homme : « Croissez et multipliez », la reproduction de l’espèce n’en constitue pas l’unique préoccupation. L’amour entre l’homme et la femme ne s’épuise pas dans le souci d’assurer une descendance et de peupler le monde. La sexualité permet à l’homme et à la femme de se réaliser en tant qu’homme et en tant que femme, et de connaître le plein épanouissement de leur être. L’amour physique, même en l’absence de toute procréation , est élevé au rang de Mitsva indépendante dans les cas de stérilité de l’un des conjoints ou lorsque la femme est déjà enceinte

Relation dans le couple

(94) Celui qui rêve d’un fleuve, d’une marmite ou d’un oiseau peut espérer la paix.

« Ces symboles mis en évidence par Aharon Feldman représentent trois niveaux dans la relation sociale et s’appliquent plus particulièrement à la relation dans le couple. »

Dans le couple :

  • la relation « fleuve » [qui favorise les relations commerciales entre deux villes], se traduira par une vie en commun fondée sur l’intérêt  que chacun des partenaires tire de cette association. Si l’amour anime les cœurs, il est supplanté par le sentiment de l’utilitaire. Le respect mutuel n’est pas exclu d’une telle union malgré son assise égoïste. On accepte l’autre dans la mesure où l’on tire profit de sa présence. Une relation de ce type peut certes conférer un sentiment de sécurité mais ne permet pas un véritable partage entre les conjoints ;

  • la relation « marmite » [qui permet l’action conjuguée des contraires que sont l’eau et le feu] nécessite l’engagement des deux partenaires pour la construction du couple.

    (94)  Dans ce type de relation les conjoints ne sont pas indifférents l’un  à l’autre. Bien au contraire, ils chercheront à mieux se connaître mutuellement pour mieux se respecter et faire que leur couple soit source de bonheur et d’amour.

  • la relation « oiseau « [qui réunit dans un même organisme  les deux natures qui permet de voler et de marcher] signifie que l’homme et la femme, pourtant deux entités distinctes, deux volontés propres, ne forment plus qu’un seul être. Chacun comprend que ses besoins sont limités par les besoins de l’autre. Vu sous cet angle, le couple devient véritablement une nouvelle création « Ils seront une seule chair. » (Genèse, 3,24.)

Le rituel Brith Mila (alliance de la coupure)

(98) La circoncision s’inscrit dans la chair de l’enfant au huitième jour de sa venue au monde comme pour le marquer d’emblée du sceau de l’identité juive. Pourquoi huit jours ? C’est l’acte qui marque le passage de l’homme de l’état de nature à l’état de culture. Le chiffre 7  rappelle les sept jours de la, le chiffre 8 se situe au-delà de la Création.

Abraham fut le premier circoncis de l’histoire de l’humanité ayant conféré à cet acte une signification spirituelle. Abraham n’en prend pas l’initiative. C’est Dieu qui le lui demande. Abraham ne peut pas avoir d’enfant tant qu’il est soumis aux lois de la nature :

«  Dieu conduisit Abraham dehors et dit : Regarde le ciel et compte les étoiles, si tu peux en supputer le nombre ; et il lui dit : Ainsi sera ta descendance. » (Genèse 15,5.) 

Rachi commente ainsi ce verset : « Sens littéral : Il le fit sortir hors de sa tente pour voir les étoiles, Midrach : Sors de ton destin tel qu’il est inscrit dans les étoiles. Tu as vu dans les astres que tu n’aurais pas d’enfant. En effet Abram ne doit pas avoir d’enfant, ABRAHAM aura un fils. » [Pentateuque avec le commentaire de Rachi].

Dieu commence par changer le nom d’Abram. On sait que le nom es porteur d’un projet. L’un des mérites des Enfants d’Israël en Égypte est d’avoir conservé leur nom. La promesse faite à Abraham dépend de cette fidélité au projet divin initial, formulé au moment de l’Alliance conclue entre Dieu et Abraham. La Brith Mila va permettre à Abraham de réaliser sa mission : devenir le père d’une multitude de croyants.

Valeur numérique de Abram = 243, celle de ABRAHAM = 243 + 5 = 248, chiffre correspondant aux 248 membres de son corps dont il put désormais atteindre la maîtrise.

Le kabbaliste Arizal (1534-1572) a fait remarquer que la valeur numérique de Mila = 85 correspond à celle du Nom de Dieu Elo’him = 86,  diminuée d’une unité. Il en déduit que l’homme ne peut jamais atteindre la dimension de la puissance divine  qui domine la Nature (Hatéba’= 86) laquelle peut révéler Dieu ou au contraire l’occulter.

La circoncision se pratique sur l’organe de reproduction qui correspond à la 9ème Séfira, la Séfira Yesod , qui signifie Fondement ou Fondation, voire Sexe, dans la symbolique des Séfiroth.

Par ailleurs, pour le mot Brith (Alliance), correspond aux lettres finales du verset « Dieu vit que la lumière était bonne. » (Genèse 1,4.)

Ainsi, la Brith Mila permet de dévoiler la lumière divine dans la nature et la puissance divine au grand jour.

L’univers du Judaïsme

Les Téfilines de Dieu  

(108) Constitués de deux petits boîtiers cubiques comprenant quatre passages bibliques et rattachés au bras et à la tête par des lanières de cuir, les téfilines sont portés, – à titre de bond dans l’action – lors de la lecture du Chema (profession de foi quotidienne)  et de la prière matinale des jours profanes par les hommes ayant atteint leur majorité religieuse.

La Mitsva est un acte que Dieu et l’home ont en commun. Elle contraint aussi bien Dieu que l’homme. Nos Sages vont jusqu’à affirmer que Dieu met les Téfilibnes, auxquels il est fait allusion da le Chema « Tu les attacheras en signe sur ton bras et comme fronton entre tes yeux. »

Qu’en est-il écrit dans les Téfilines des hommes ? :

« Écoute Israël, l’Éternel est notre Dieu, l’Éternel est un » et dans les Téfilines de Dieu ? : « Qui est comme toi, Israël , un peuple unique sur la terre » faisant allusion au choix d’Israël par Dieu et à l’amour particulier porte à son peuple. 

(109) Dès que l’enfant est capable de prononcer les premiers mots, il apprend à dire : « Moïse nous a donné la Tora, un héritage pour la Communauté de Jacob » suivi du Chema Israël.

Le Maguèn David ou l’étoile de Jacob

L’étoile de David représente l’espérance d’Israël .

En effet, l’Étoile de David est formée de deux triangles équilatéraux, l’un la pointe en haut symbolisant Dieu, la base en bas, symbolisant la matière. Ce triangle représente notre univers tel qu’il nous apparaît. L’autre triangle, la pointe en bas et la base en haut, représente le monde transformé par la Tora, dans lequel la matière elle-même acquiert un caractère spirituel grâce à la présence de Dieu sur terre.

Ce symbole  dans lequel le chiffre  Six (le nombre de jours de la Création) apparait plusieurs fois : six sommets, six petits triangles équilatéraux, six côtés de l’hexagone intérieur, serait une représentation de l’univers, le point central invisible étant le symbole du Dieu Créateur. En effet, le nombre Six représente le volume de l’univers : quatre points cardinaux, le haut et le bas, la totalité de l’univers. Cette interprétation empirique est corroborée par les sciences mathématiques, sous l’appellation du « Sceau de Salomon ».

Six est encore le premier nombre « parfait », c’est-à-dire le nombre dont la somme de ses diviseurs (1,2,3) est égale au nombre lui-même (1+2+3).

La Amida

(112) C’est une prière  à voix basse, qui se récite debout, les pieds joints, et qui constitue la partie centrale de chaque office religieux.

Un Juif est tenu de prier trois fois par jour en présence d’un Miniane (groupe de dix hommes), à la Synagogue ou en n’importe quel lieu propre et décent. En cas d’impossibilité de se joindre à un Miniane, l’individu priera tout seul chez lui ou à n’importe quel endroit où il se trouve à l’heure de la prière. Elle permet à chacun de méditer et de se remettre en question. La Amida de la semaine comporte aujourd’hui 19 bénédictions. La première bénédiction de la Amida commence ainsi : « Tu es la Source de toute bénédiction, Ô Éternel, Dieu de nos pères, Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac et Dieu de Jacob. »  Les auteurs de cette prière ont voulu exprimer par cette formule le caractère unique, singulier de la relation de tout homme avec Dieu. Dieu est unique, mais les orants sont multiples, chacun avec leur personnalité.

Note sur les offices et les prières.

Les temps de prière s’articulent autour de la position du soleil

Outre qu’une  tradition juive consignée dans le Talmud prescrive à chacun la récitation de 100 bénédictions par jour, la plupart d'entre elles le sont lors des offices de prière quotidiens, au nombre de trois lors des jours de semaine ordinaires, c'est-à-dire ne coïncidant pas avec une fête juive, de quatre lors de ces fêtes et du Chabbat, et de cinq àYom Kippour :

- l'office du matin (Sha'harit).

- l'office de l'après-midi (Min'ha)

- l’office du soir

        L'office supplémentaire du Chabbat et des jours de fêtes instituées dans la Bible hébraïque, Moussaf, est réalisé à la suite de Sha'harit.

        L'office spécifique de Yom Kippour (Ne'ila) est  lu à la suite de Min'ha.

        Cependant, de nombreuses bénédictions et prières se font indépendamment des offices, ce sont principalement :

        • la prière « debout »  (Amida>), également appelée la  Chemona Essrè (les Dix-Huit bénédictions), est l'une des deux prières centrales de laliturgie juive. Elle est lue lors de chaqueoffice de prière.

        • l'autre prière centrale (Chema Israël)  qui proclame la foi dans le Dieu Un. Composée de trois passages bibliques, elle est invariablement proclamée deux fois par jour, matin et soir.

         L’au-delà

        Le jour de la « naissance »

        (125) La Tradition juive souligne le caractère éphé­mère de notre séjour terrestre. Dès que l’homme met les pieds sur cette terre, il sait qu’il est destiné à mourir.

        (126) Dans l’absolu, la mort ne présente aucun carac­tère définitif. Elle n’est qu’une étape dans la vie de l’âme, qui elle est éternelle. La vie et la mort présentent un point commun : la venue au monde d’un enfant n’est que le passage « du sein de la mère » vers le « sein de la terre », cette terre qui le porte et le nourrit. Ce passage est désigné par le terme de « naissance ». La mort est aussi un passage de l’âme du « sein de la terre » vers « le monde des âmes », le monde où il n’y a ni matéria­lité ni corruption de la matière. Ce passage est aussi « une naissance ».

        (127) C’est ce qu’exprime la Michna : « Ceux qui naissent sont destinés à mourir, et ceux qui meurent sont destinés à vivre. » (Talmud)

        Au terme de sa vie, l’individu libère son âme, il lui « donne naissance » de la même manière que la mère donne naissance à un enfant au terme de la grossesse. Conséquence tirée par nos Sages : à l’exemple de la maman particulièrement attentive à sa propre santé afin que le bébé naisse dans les meilleures conditions, chacun doit être attentif à sa santé spirituelle et morale pendant son séjour ici- bas, pour que la « naissance » de son âme se passe dans les meilleures conditions.

        La même Michna poursuit : « Sache que c'est malgré toi que tu as été conçu, c’est malgré toi que tu as vu le jour, c’est malgré toi que tu vis, c’est malgré toi que tu mourras et malgré toi que tu seras appelé à rendre compte de tes actions devant le Roi des Rois, le saint béni soit-Il. »

        Le passage dans « le monde de l’action » est une grande épreuve pour l’âme. Elle n’a pas choisi de s’incarner dans tel ou tel corps.

        L’âme est à l’image de Dieu qui n’est pas affec­té par les actions des hommes. Et pourtant Dieu a décrété de faire dépendre sa présence parmi les hommes, de l’accomplissement du Bien.

        (128) L’âme emplit le corps comme Dieu remplit le monde. Et pourtant elle est invisible comme Dieu est invisible. L’âme supporte le corps, comme Dieu supporte le monde... l’âme subsiste après le corps comme Dieu subsiste au-delà de l’univers.

        Grande est la félicité de l’homme qui subit avec succès la traversée de ce monde, déjà ici-bas et après, dans le monde futur. Les moyens mis à notre disposition pour nous aider à mener à leurs termes « notre grossesse » et « l’enfantement de notre âme », dépendent de notre aptitude à comprendre la science divine et à la vivre dans la réalité de notre existence.

        Le Kaddich

        Dans leur immense majorité et quelles que soient leur confessions, les hommes se retrouvent autour du respect dû aux morts, en particulier pour le père ou pour la mère. Les affligés sentent le besoin de faire quelque chose, publiquement ou en secret, pour honorer la mémoire de ceux qui leur ont donné le jour. Cette attitude « religieuse » devant la mort se traduit chez les Juifs par la récita­tion du Kaddich, prière de glorification de l’Éter­nel.

        Le Judaïsme ne prône pas le culte des morts, mais « l’assistance au pauvre » (Proverbes, 17,5), car il n’est plus pauvre que celui qui n’a plus les moyens d’agir, de créer, d’accomplir.

        (129) Tant que l’âme est unie au corps, cette entité vivante peut agir, construire ou détruire, concevoir et réaliser. Séparés, le corps retourne à la poussière d’où il a été tiré et l’âme s’en retourne à sa source, dans le trésor des âmes.

        Cette âme, a-t-elle accompli sa mission ici-bas ? Voilà tout le problème posé par la doctrine reli­gieuse. L’âme toute seule, sans le support du corps, est incapable d’agir, de s’élever, de gagner en lumière divine. Elle se trouve alors dans un état de dépendance par rapport aux êtres vivants qui eux, peuvent lui faire parvenir sa       « nourriture spiri­tuelle » au travers des prières et des supplications adressées à Dieu en sa faveur.

        Le Kaddich est une prière très ancienne qui a certainement inspiré la prière « Notre Père » des Chrétiens. Elle est récitée lors des cérémonies d’in­humation mais également et de manière régulière, matin et soir lors des prières publiques. Cette prière est une glorification de l’Éternel qui donne la vie et rappelle à lui les âmes pour la vie éternelle, selon sa grande miséricorde. Cette prière récitée pour le repos de l’âme du défunt est l’une des nombreuses preuves de la croyance en la vie de l’âme au-delà de cette vie terrestre.

        Rires et larmes

        (131) Question : Si la mort n’est qu’un passage du monde de l’action vers le monde de l’éternité, pour quelle raison s’afflige-t-on à l’occasion d’un décès ? Ne devrions-nous pas, au contraire nous réjouir de ce que l’âme du défunt s’en soit retournée à sa source auprès de Dieu dont elle émane ?

        (133) Il appartient aux vivants de prendre la relève et d’aider ces âmes à se régénérer par des prières et des bonnes actions en leur faveur.

        « Ce monde-ci est comparé à un vestibule dans lequel on se prépare avant de pénétrer dans le Palais. »

        La vie terrestre ne trouve sa pleine justification que dans le monde de l’au-delà. Elle est cependant incontournable du fait d’offrir à l’âme, le lieu unique où elle peut se réaliser au travers du corps qui lui sert d’enveloppe chamelle.

        Récompense et châtiment

        De nature complètement différente, le corps et l’âme ont des aspirations opposées. Alors que le corps est attiré par les biens et les plaisirs de ce monde, l’âme aspire constamment à retourner à sa source pour se délecter de la lumière divine qui règne au Paradis.

        (135) Dans ce monde, il n’existe pas de récompense à la hauteur de la Mitsva, d’une bonne action. La Mitsva étant de nature spirituelle, quel prix lui attri­buer sur le plan matériel ?

        Comment, par exemple, évaluer l’acte de cou­rage d’un passant qui sauve la vie d’une personne en train de se noyer et exposée à une mort certaine, surtout si ce passant le fait au péril de sa propre vie? La véritable récompense pour une bonne action n’est donc pas de ce monde. « La récom­pense d’une bonne action est une bonne action. » La possibilité d’accomplir une autre bonne action est en soit une récompense de même nature que la première.

        Comment expliquer alors le passage du Chéma : « Si vous obéissez à mes commandements... je dispenserai la pluie sur votre terre en son temps... tu engrangeras ton froment, ton moût et ton huile. Je produirai de l’herbe dans ton champ pour ton bétail.... »

        (136) Pour être en mesure d’accomplir une autre Mitsva,    Dieu nous facilite la vie en nous accordant des biens matériels. Mais ces biens ne sont pas à proprement parler, la récompense pour l’obéissance à Dieu.

        Quant aux châtiments, ce sont nos égarements qui contribuent à la maladie ou au malheur, l’hom­me ayant écarté de lui son « parapluie protecteur ». Lorsqu’une personne quitte ce monde avant d’avoir mis de l’ordre dans ses « affaires spiri­tuelles », Dieu donne à son âme la possibilité de se purifier au cours d’un nouveau passage ici-bas. Cette nouvelle vie dans un corps qui n’est pas le sien à l’origine, prend le nom de Guilgoul.

        La valeur d’une vie ne se mesure pas à sa durée. Chaque homme a été mis au monde pour y accom­plir une certaine mission, afin de permettre aux êtres et aux choses d’exister. A certains il a été accordé de longs jours, à d’autres peu d’années. Celui qui n’en connaît pas la valeur, n’attribue aucune signification à l’existence; par contre celui qui apprécie la vie comme un don de Dieu, attache beaucoup de prix à chaque instant qui lui est accordé ici-bas et chaque instant devient l’occasion d’une ascension spirituelle, la réalisation de la fina­lité de ce monde par rapport à Dieu.

        L’existence d’un individu n’est plus isolée, elle fait partie d’un ensemble : elle plonge ses racines dans le mystère de la création et elle participe au mystère de l’éternité. Toute l’existence est un pont entre le passé originel et le futur de l’accomplisse­ment.

        (137) Dans cette perspective la mort n’est doulou­reuse que sur le plan affectif, par l’absence phy­sique de l’être cher parti pour le grand voyage dans l’infini. Quant à l’âme, elle repasse par les mondes successifs qu’elle a traversés pour rejoindre le corps, mais cette fois en sens inverse, de bas vers le haut, pour retrouver sa racine dans la Lumière primordiale.

        Le séjour des vivants

        Le « monde de l’action » dans lequel nous vivons est le lieu de préparation de l’âme pour accé­der à l’éternité. Les provisions de route ne résident ni dans l’or, ni dans l’argent que l’on ne peut emporter avec soi. Le viatique, ce sont les Mitsvoth, les réalisations d’ordre moral ou spirituel accom­plies ici bas.

        En fait, le monde futur, le Paradis commence déjà dans ce monde. La vie dans l’au-delà est à l’image de ce que l’on a fait de sa vie ici-bas. Les prédateurs sociaux, toujours assoiffés de désirs matériels sont insatisfaits lorsqu'ils quittent cette vie, car « Il n’existe point d’homme qui ait assouvi la moitié de ses désirs en quittant ce monde » (Talmud). Même après leur mort, ils voient leur âme continuer de voguer à la recherche désespérée de la satis­faction de leurs désirs.

        (138) Cette recherche sans fin dans l’autre monde, empêche l’âme des impies de connaître le repos et cette situation est en soi, un véritable châtiment. Par contre, les justes qui ont mis l’accent sur la pureté de leurs actions et de leurs intentions, les hommes pieux qui n’ont eu d’autres soucis que de réaliser la volonté divine, parfois au détriment des plaisirs de ce monde, sont comblés lorsqu’ils se retrouvent dans le monde où la spiri­tualité et la lumière prennent leur source. Les justes sont non seulement comblés dans le monde futur, mais ils baignent déjà ici-bas dans la sérénité et la confiance, dans le contentement et le bonheur. Pour le Juste, le Olam Hazé, ce monde-ci, et le Olam Habba, le monde à venir, ont tendance à se confon­dre.


        Réparation

        Tikkoun, de la racine TaKeN, réparer, arranger, s’applique également à la possibilité de racheter une faute.

        « Il n’est pas de Juste sur terre qui ait toujours fait le bien, sans jamais fauter. » (Ecclésiaste 16,20)

        L’homme étant faillible, Dieu lui donne chaque fois l’occasion de réparer sa faute et de se racheter, car « Je ne désire pas la mort du méchant mais qu’il revienne de sa voie mauvaise et qu’il vive » dit l’Étemel ( Ezekiel 33,11).

        (139) « Fais repentance un jour avant ta mort ! »

        Tel est le conseil donné par Rabbi Eliézer à cha­cun de ses disciples. Ceux-ci lui dirent :

        • Mais personne ne connaît le jour de sa mort !

        • Justement, c’est une raison suffisante pour se repentir chaque jour, afin d’être prêt, en état de pureté lorsque sonne l’appel de Dieu. »

        La Techouva

        Le concept du retour des âmes après la mort et de leur réincarnation dans un nouveau corps appa­raît comme une idée positive dans des ouvrages kabbalistiques, tel le Séfér Habahir, traité mystique de la fin du douzième siècle, attribué à Rabbi Néhounya ben Haqana.

        Le Guilgoul permet le Tikkoun, notion fonda­mentale dans la spiritualité juive qui se traduit dans la vie courante par la Techouva, le rétablissement de l’ordre bouleversé par une inconduite de l’homme. Sans cette possibilité de réparation, Techouva et Tikkoun, repentir et retour à Dieu, l’homme ne pourrait pas se maintenir dans l’existence. Alors que la Techouva peut s’opérer du vivant de la personne, après la mort seul le Guilgoul peut permettre à une âme de se purifier lors d’une autre vie. Le Guilgoul peut se produire pour une âme dans sa totalité ou seulement pour l’une de ses par­ties.

        (140) Nos Sages comparent cette situation à une per­sonne qui s’embarque pour un voyage lointain, en mer ou dans le désert. Si elle a eu soin d’emporter suffisamment de provisions en nourriture et en eau potable, son voyage se passera sans inconvénient, sinon c’est la faim et la soif et la certitude de mou­rir d’épuisement. C’est cela la Techouva.

        Ce qui importe quand une faute se produit est de chercher à la réparer.

        (141) En effet, toute faute introduit du désordre dans le monde créé par Dieu et tout désordre exige réparation au-delà le temps et l’es­pace. D’une certaine manière nous sommes tous entachés par la faute originelle. Chacun se doit donc de contribuer à sa réparation. Tant que le Tikkoun n’a pas été atteint, la responsabilité de réparation incombe à plusieurs générations.

        Incapable d’observer l’unique Mitsva qui lui fut confiée, Adam constata que cette Mitsva fut divisée en 613 Mitsvoth plus faciles à réaliser par tout un peuple que par un seul homme. Nos Sages aiment traduire certaines notions difficiles à saisir en ayant recours à des paraboles. C’est ainsi qu’ils expli­quent le passage d’un seul commandement divin à 613 Mitsvoth contenues dans la Tora, en comparant cette situation à celle d’un ouvrier qui doit transpor­ter d’un endroit à un autre un rocher pesant plus d’une tonne. Voyant qu’il n’y arrivait pas, le patron lui ordonna de tailler l’immense rocher et de le transformer en pierres n’excédant pas quelques kilos. L’opération de transport devint d’autant plus aisée, que la tâche pût être partagée avec d’autres hommes.

        Le retour sur terre

        (141) Certaines personnes ont parfois des comporte­ments bizarres et inexplicables, d’autres personnes se trouvant devant certains paysages ont une impression de déjà vu alors qu’elles ne se sont jamais trouvées à cet endroit auparavant. Ces phénomènes peuvent trouver une explication par le Guilgoul.

        (142) Galgal signifiant « une roue » a donné nais­sance au mot Guilgoul, de la même racine qui expri­me l’idée de « rouler, faire tourner ».

        Le Guilgoul Nechamoth suggère la possibilité pour les âmes de « rouler » de se réincarner dans un autre corps, pour une seconde vie. Ce corps qui reçoit l’âme peut être celui d’une personne, d’un animal, ou même d’une plante ou d’un objet quelconque. Cette réincarnation de l’âme peut s’effectuer immédiatement ou longtemps après la mort et a pour finalité le Tikkoun de l’âme.

        C’est une chance, affirment les Kabbalistes, que Dieu accorde à certaines âmes afin de racheter leurs fautes et de mériter le salut. En somme, c’est une session de rattrapage et d’une certaine manière l’âme conserve la mémoire de certains événements passés mais aussi une partie des qualités acquises dans une vie antérieure.

        Rabbi Hayim Vital, disciple du grand Kabbaliste le Arizal, nous révèle la possibilité pour une même âme de se réincarner plusieurs fois ou bien de se réincarner sous des formes multiples.

        NeCHaMaH et MiCHNaH, sont des mots for­més des mêmes lettres. Nos Sages en déduisent que l’étude de la Tora est la nourriture de l’âme. Cette étude n’est pas une science ou un art mais la possi­bilité même de l’existence d’une force cosmique qui maintient le monde.

        (143) « N’eût été mon alliance, dit l’Étemel, je n’au­rais pas placé les lois du ciel et de la terre » c’est- à-dire, « Je n’aurais pas procédé à la création du monde. » (Jérémie 33,25).

        Il est nécessaire de rappeler que l’Eternel, Créateur de l’univers et Père de toute l’humanité se soucie de toutes ses créatures pour leur permettre de réaliser leur vie dans ce monde de l’action. Il est donc évident que l’humanité toute entière est concernée par une partie de la Tora, celle des valeurs universelles comme l’amour du prochain et le respect de la vie. Cette alliance avec l’humanité ne comporte que sept obligations et a pris le nom « d’Alliance noahide ».

        Exemple de Guilgoul : L’âme d’Adam s’est réin­carnée dans son troisième fils Seth, puis en Moïse, etc.

        Les souffrances du Juste s’expliquent ainsi : son âme ou une partie de son âme appartenait à une per­sonne n’ayant pas réussi à faire repentance dans une vie antérieure.

        La Résurrection

        Certains textes narratifs sont incompréhensibles sans une référence à la résurrection des morts, bien que le mot « résurrection » soit absent du texte biblique.

        (144) Ainsi à propos du cantique de la mer rouge, il est écrit Az Yachir Moché (Alors, Moïse entonnera ce cantique) (Exode 15,1). Il n’est pas écrit Moïse a entonné, mais entonnera. La Bible ne mentionnant pas à quel moment Moïse a entonné ce cantique, il s’agit donc d’un futur lointain, lors de la Résurrection.

        La reine Cléopâtre préoccupée par cette ques­tion, s’adressa à Rabbi Méir. Pour toute réponse ce grand sage l’invita à observer ce qui se passe dans la nature : un grain de blé entre nu dans la terre et en ressort revêtu de tant de vêtements; les justes enterrés avec leurs vêtements, à plus forte raison... !

        Mais nos Maîtres sont divisés à ce sujet. Certains, comme Maimonide, pensent que dans « le monde à venir » il n’y aura que des âmes comme des anges, d’autres affirment que la résurrection concernera également les corps.

        La résurrection des morts fait partie du texte de la prière quotidienne, consacrée aux prodiges accomplis par l’Éternel. Cette bénédiction est ainsi rédigée :

        « Tu es tout-puissant O Eternel, tu fais revivre les morts, tu es maître en salut... Tu nourris les vivants par amour, tu ressuscites les morts par ta grande miséricorde, tu soutiens les faibles, tu gué­ris les malades, tu libères les prisonniers et tu gardes fidèlement ta promesse à ceux qui dorment dans la poussière. Qui est comme toi, Maître des prodiges et qui peut t’être comparé, O Roi, qui fais mourir et qui fais revivre et fais germer le salut, Tu es source de toute bénédiction, 0 Eternel, qui fais revivre les morts. » (2ème bénédiction de la Amida)

        Le Chéol

        (145)Le Chéol, lieu de purification des âmes, est dési­gné dans la littérature rabbinique par Géhinome. Ce n’est pas un lieu terrestre. Certains l’imaginent dans les profondeurs de la terre, d’autres le situent au- delà des montagnes des ténèbres. Il existe bien une vallée portant ce nom, située non loin des rem­parts de la vieille ville, au sud de Jérusalem. En hébreu, gué signifie vallée et Hinome serait un nom propre, probablement celui d’un personnage de l’é­poque.

        « Il existe trois choses qui sont insatiables, qua­tre même qui ne disent jamais : assez ! Le séjour des morts, le flanc de la femme, la terre altérée d’eau et le feu ne disent jamais : assez ! » (Proverbes 30,16)

        Le Chéol, l’abîme, désigne dans la Bible le séjour des morts dans lequel les âmes séjournent un certain temps pour se purifier et passer dans le Gan- Eden pour attendre la résurrection des morts.

        Le Chéol et le flanc de la femme ont ceci de commun : La conception de l’enfant se fait dans le silence et la discrétion mais sa venue au monde s’accompagne de clameurs, les pleurs de l’enfant et la joie de la famille, alors que le mort pénètre dans le Chéol accompagné de pleurs et de cris de douleur et en ressort au milieu de clameurs de joie lors de la résurrection. En attendant la Résurrection qui marque d'une certaine manière, le triomphe du spirituel sur le matériel et la réalisation du projet divin, les âmes séjournent, soit dans le Gan-Eden si elles sont pures, soit dans le Guéhinom, la Géhénne pour se purifier.

        Gan-Eden

        (146) En hébreu, Gan-Eden (le Jardin d’Eden) où furent placés Adam et Ève, contenait toutes sortes d’arbres agréables à voir et bons à manger. La Tora nous révèle que de ce jardin sortait un fleuve qui se divisait en quatre branches : Le Pishone, le Gui’hone, le Tigre et l’Euphrate.

        Après la faute, Adam et Ève furent bannis du Gan-Eden de peur qu’ils ne mangent de 1’« Arbre de la vie » et ne vivent éternellement. Des anges armés d’épées flamboyantes leur barrèrent le che­min du retour19.(Genèse 3,24).

        Le Paradis terrestre se situerait du côté du Golfe persique. Le Gan-Eden serait un coin paradisiaque contenant de beaux arbres et des pierres précieuses, tandis que le Paradis céleste n’a pas d’existence matérielle et consisterait en Lumière divine dont les Justes pourront jouir et se délecter. Le Psalmiste exprime cette notion de Paradis en disant : « Combien grande est ta bonté que tu tiens en réser­ve pour ceux qui te craignent20. »

        (Genèse 3,24)

        (147) Lorsque l’âme quitte le corps lors de la mort, l’âme demeure en relation avec son ancienne enve­loppe charnelle pendant douze mois, allant et venant jusqu’à la décomposition corporelle totale c’est-à-dire la libération définitive de l’âme. Pendant ce temps, l’âme subit une purification en fonction des actions accomplies au cours du séjour terrestre. Tout le monde comprend que ces notions relèvent davantage d’un domaine spirituel et imma­tériel et qu’il s’agit des souffrances que l’âme subit avant de connaître un repos mérité, après purifica­tion.

        L’âme connaît donc une vie après la vie terres­tre et cette vie éternelle est faite de délectation de la Lumière divine. Dans leur langage imagé, nos Sages disent par exemple : « Dieu créa les grands poissons pour le grand festin des Justes. » (Genèse 1, 21). Il est évident qu’il s’agit de notions purement spirituelles et pas du tout d’un banquet comparable à celui du Roi Assuérus. Le plus grand bonheur pour l’âme est de se retrouver proche de sa source, la Lumière divine qui lui a donné vie et lui confère, à présent, encore plus d’éclat.

        L’âme en liberté

        (148) Moïse demande à Dieu de contempler Sa Gloire :

        « L’homme vivant ne peut me voir ou bien l’homme ne peut me voir et demeurer en vie », (Exode, 33,20)  fut la réponse. De son vivant, l’homme ne peut pas voir la gloire divine mais après sa mort, la chose devient possible. Le Zohar appuie cette réalité en disant que l’âme n’accepte de quitter le corps qu’après avoir contemplé la Lumière divine et comme attirée par elle, d’où l’usage de fermer les yeux d’un mort : Les yeux qui ont contemplé « Dieu » ne doivent plus se souiller à la vue des choses viles de ce monde.

        La tradition juive nous révèle l’existence en l’homme, d’une âme éternelle insufflée par Dieu. Cette réalité est inscrite dès la première page de la Bible et entretient la foi de tous les monothéistes. Quelles preuves avons-nous de la survie de l’âme après sa séparation d’avec son enveloppe charnelle? La littérature juive est friande des récits qui en parlent, constituant autant de témoignages de la sur­vie de l’âme :

        « Rabbi Yohanane demande aux personnes autour de son lit de mort, de préparer un fau­teuil pour Hisquiya (2 Rois 18), Roi de Judée, venu pour l’accompagner dans le monde de la vérité. Or le Roi Ezéchias avait quitté ce monde quelques siècles auparavant.

        (149) Rav dit à Chmouel son compagnon d’étude : « Quand je serai mort, tu prononceras une belle oraison funèbre, car je serai là pour t’écou­ter »

        En effet, les morts voient et entendent ce qui se passe autour d’eux au moment de quitter ce monde.

        « Et Rabbi Abahou ajoutait : Un mort a cons­cience de tout ce qui se dit en sa présence tant que sa tombe n’est pas close, et Rabbi Shim’on prolongeait cette période jusqu’à la décomposition totale du cadavre. »

        Les proches parents déjà morts viennent à la ren­contre du défunt pour l’accueillir dans la joie, si le défunt est méritant, dans la tristesse s’il est coupa­ble.

        « Des ouvriers occupés à creuser la terre dans un champ appartenant à Rav Nahman, voient arriver vers eux un Rabbin qui se mit à leur faire des remontrances. Or ce Rabbin, RavAhaï ben Yochia, était mort depuis quelque temps. L’ayant reconnu, les ouvriers coururent chez leur maître pour lui rapporter l’incident. Rav Nahman se rendit sur les lieux et n ’en crut pas ses yeux. »

        (150) « On raconte aussi que Rabbi, l’auteur de la Michna, revenait chez lui tous les vendredis soir pour réciter le Kiddouch à la maison, jusqu'au jour où une voisine indiscrète découvrit cette chose extraordinaire. » (Lévitique 19,18)

        Conclusion

        Comme la rose au milieu des épines, telle est mon aimée parmi les jeunes filles.

        Cantique des Cantiques 2,12


        (151) La littérature biblique et rabbinique reprend souvent l’image de l’amour entre des fiancés, pour décrire l’amour de Dieu pour son peuple et à travers Israël, l’amour pour l’humanité dont II est le Père.

        Sans cet amour divin, qui se manifeste dans tous les domaines, l’univers ne peut se maintenir Olam Hésséd yibbané (Psaumes 89,3)  (Le monde est fondé sur l’amour).

        Qu’est-ce que l’amour? Aimer, c’est donner.

        Dieu donne la vie.

        Donner gratuitement sans rien attendre en retour. Aimer, c’est partager son bonheur, sa joie, ses espérances avec autrui et pour autrui.

        Dieu est amour, même dans ses réprimandes et ses colères. Dieu est amour même quand II se voile la Face, car de Dieu ne peut venir que la Lumière.

        Toutes les religions sont fondées sur l’idéal d’amour.

        Dieu est notre modèle : sois indulgent comme II est indulgent, sois généreux comme (152) II est généreux, aie de la compassion pour autrui comme II est plein de miséricorde, car « C’est dans l’amour du prochain que réside la gloire divine » Rabi Mendel de Kotzk.

        «  Tu acceptes bien  que le visage de ton voisin ne ressemble pas au tien. Accepte aussi que ses opinions soient différentes des tiennes. » (Rabi Pinhas de Koretz) ; et alors tu pourras réaliser le grand commandement : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lévithique 19,18).

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         

         



        [1] La Bible hébraïque comprend 24 recueils :

        A) Tora – Pentateuque, 5 livres.

        B) Neviim – Prophètes, 8 livres.

        C) Ketoubim – Hagiographes, 11 livres.

        [2] La Michna (enseignement) est un corpus de textes traditionnels rassemblés par Rabbi Yéouda vers la fin du IIe siècle. Elle est à la base de tout l’enseignement oral de la Tora.

        [3]Le Talmud est une œuvre monumentale qui retranscrit la loi orale. La version de Jérusalem a été achevée  vers l’an 300, cellle de Babylone fut éditée vers l’an 500.

        [4] Traduction Hakham, pluriel Hakhamin.


        [5] Traduction, Rabbi en Palestine,Rav en Babylonie.

        [6]  « Livre de la splendeur », ouvrage majeur de la mystique juive, texte fondamental de la Kabbale qui est elle-même une tradition ésotérique du judaïsme, présentée comme la « Loi orale et secrète » donnée par YHWH à Moïse sur le Mont Sinaï, en même temps que la « Loi écrite et publique ». Chemin d’élévation spirituelle.

        [7] Pluriel de berakha, bénédiction habituellement récitée avant de réaliser une prescription …

        [8] Commentaire rabbinique de la Bible qui s’attache à expliciter les points obscurs, en ayant recours à différents genres littéraires : récits, paraboles, légendes.

        [9] Convoquée par Esdras vers 444 av.,elle comptait 120 membres auxquels on attribue l’institution de la lecture de la Tora lundi et jeudi, la fixation  de la Amida, la prière silencieuse 18 bénédictions. La Amida tire son nom du fait qu’elle se récite dans la position debout, les pieds joints.


        Date de création : 07/04/2015 - 18:40
        Dernière modification : 07/04/2015 - 18:40
        Catégorie : Contributions|Henri Duthu
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