S'approcher d'autrui, c'est s'approcher de l'autre à l'infini et ce, sous le regard du tiers.   E. Levinas

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elevlogo.gifLévinas de A à Z - Nudité

La nudité du corps

L’éthique d’Emmanuel Lévinas est une optique spirituelle[1], la vision d’une nudité : altérité qui fait la différence[2]. Désir qui creuse la faim de l’Autre, elle se mesure à l’Infini à travers l’idée du parfait. Cette éthique est un langage dépouillé de toute contenance, mais non pas de toute exigence. Participation volontaire à la responsabilité pour les autres, l’éthique de Lévinas mène la transcendance à son terme dans l’œuvre fraternelle de justice. Voie royale qui conduit à l’Autre, elle est une manière d’être et de se situer socialement en sa présence.

Mais que reste-t-il des nobles principes moraux lorsque le sujet est confronté à l’épreuve limite de la guerre ? Ne convient-il pas de penser que «l’état de guerre suspend la morale» et qu’il «dépouille les institutions et les obligations éternelles de leur éternité»[3]? Exposé à la violence et au «pas encore» de sa mort, le sujet éthique chez Lévinas est sujet aux situations limites de la conscience[4]. L’épreuve suprême de sa liberté réside dans la souffrance inutile, dans le massacre des innocents –celui de l’étranger, de la veuve, du pauvre et de l’orphelin[5].

Quand l’esprit humain prend conscience de sa finitude, il s’emballe et désire une paix autre que celle de la simple évasion d’un corps limité et mortel. C’est pourquoi, Lévinas introduit la tempérance et propose la perspective d’une conduite morale qui n’a rien d’une attitude réactionnelle. Qu’importe si les balises de la normalité se modifient, puisque le normal consiste à réécrire un entre-deux : entre vérité et mensonge, guerre et paix, silence et parole, autel du sacrifice et balance de la justice. A présent, entre Moi et Autrui s’écrit l’inévitable responsabilité pour l’autre homme.

Ni violence, ni ruse, ni simple diplomatie, ni simple tact, ni pure tolérance, ni même simple sympathie, ni même simple amitié –cette attitude devant les problèmes insolubles– que peut-elle donc être et que peut-elle apporter ?
Que peut-elle être ? Présence de personnes devant un problème. Attention et vigilance : ne pas dormir jusqu’à la fin des temps, peut-être. Présence de personnes qui, pour une fois, ne s’en vont pas en paroles, ne se perdent pas en technique, ne se figent pas en institutions ou structures. Présence de personnes dans toute la force de leur irremplaçable identité, dans toute la force de leur inévitable responsabilité[6].

proximité et promiscuité des corps

La pensée d’Emmanuel Lévinas se fraie un passage entre une proximité affective souhaitée et une promiscuité supportée par des écorchés vifs de la vie. Pendant son temps de captivité, Lévinas a-t-il vécu l’humiliation corporelle des camps de concentration ? Chez lui, la proximité du prochain est une «obsession»[7]. Cette obsession est l’étape brûlante d’une conscience qui s’affirme dans une approche par excès d’autrui. Non pas que l’Autre ait tous les droits sur le Même, mais le Même est l’otage d’Autrui.
Vulnérable et sans défense, le Même est investi et traqué par l’Autre. Sa grandeur consiste à faire face à l’Autre dans un «Me voici» et à le servir avec dés-intér-essement : «autrement qu’être»[8]. Répondre «me voici» c’est ne-pas-laisser-seul-l’autre-homme[9]. Dans l’approche affective et effective d’autrui, la proximité désigne moins une distance physique qu’un ratage méta-physique, une trace non-thématisable, an-archique, extra-ordinaire[10].

Chez Lévinas, la phénoménologie du corps dépasse l’image plastique où se produit la tentation ou la négation de l’autre. Le corps est visage. Il marque la fin de l’absurde bruissement de l’il y a. Rapport à la socialité, il est l’être-pour. Parole adressée à la conscience, il rend possible et impossible le meurtre. Mis à nu, il met l’être en présence de sa condition et investit la liberté dans la proximité du pauvre. La proximité est inquiétude philosophique, complicité fraternelle «pour rien». Elle est premier dire d’un délire originel : Dieu. La proximité est caresse parce qu’elle touche «tout» et ne retient «rien»[11]. Elle est peau –trace d’elle-même–, écart entre le visible et l’invisible[12], recherche de celui qui est proche comme s’il n’était pas là.

conscience de soi et corporéité

Chez Lévinas, le corps humain constitue l’unité de mesure à partir de laquelle le sujet se situe dans un lieu et est en relation avec le monde. Le sujet n’a pas un corps, il est corps. S’il fait corps avec les choses c’est toujours au cœur d’une lutte. De cette lutte, le sujet sort nécessairement claudicant. La position du corps est «tenue». Penser ce n’est pas être, c’est penser avec son corps. Le corps «prête le sens» à toute chose. Indigent et nu, il est le changement de sens, débordement du sens fixé par les conditions de la survie, de l’alimentaire[13]. Le corps n’est pas la prison de l’âme. Il n’est pas le tombeau de l’infini, mais son approche[14].
Par sa condition mortelle, le corps échappe au totalitarisme de l’il y a en suspendant l’activité psychique et physique par le sommeil. L’ici de la conscience, sa «base» et le lieu de son sommeil, c’est le corps. Dormir permet à la conscience de sortir de la totalité en se soumettant à l’espace infini de l’inconscient. La possibilité de dormir expose également le sujet à l’insomnie et à l’impossibilité de se soustraire à la présence qui opprime. Dans l’insomnie, l’autre exploite le Même en le rendant dépendant. L’insomnie est «l’absolue impossibilité de se dérober et de se distraire»[15]. La nudité est le risque que court la conscience qui croit se libérer de la présence des autres.

Dans son énigme, le corps est éthique. Il dévoile à travers le visage la proximité de l’Autre. Exposé aux coups comme à la caresse, le corps est une «synthèse passive» de ce qui «se passe» en lui et autour de lui. Il est passage du pur au trouble[16]. «L’ambiguïté du corps est la conscience»[17]. Au plus profond de son mystère, la conscience devient peau –manière extrême d’être exposé : je souffre et je jouis donc je suis[18]. Elle est également Désir d’Autrui, non pas entendu comme une possession sexuelle, mais comme la trace prophétique d’une sortie de soi libératrice de sens[19].

la nudité ouvre à la sensibilité

Toucher terre c’est déjà être conditionné par sa position et par son «milieu». Penser le sujet avec Lévinas, c’est penser avec ses pieds nus et ses mains vides. Ce régime d’incarnation plonge le sujet dans «l’élémental» de sa condition. Dans la faim et le froid, les dieux sont sans visage. Dans la pauvreté et la misère, l’homme court le risque du paganisme ; c’est-à-dire de l’enracinement dans l’être[20]. Placé aux frontières de la nuit de l’esprit, il assiste impuissant à la mort des dieux païens. Il jouit, mais sa jouissance est sans sécurité. Séparé des dieux et des hommes, il est alors ramené à l’athéisme et capable de s’ouvrir à la transcendance.

Le corps suppose une terre où il puisse poser les pieds et reposer la tête. Indigent et nu, il vit de ses besoins. Il vit et dépend des autres. Manger c’est se penser à partir de celui qui donne. Vêtir c’est cacher à la conscience son «autre face». Pourtant le besoin de nourriture et de vêtement ne constituent pas l’existence d’un être humain, ils sont seulement son balbutiement. Pour inquiéter l’être, la nudité doit être sensibilité : conscience d’une façon d’être autre. Etre nu c’est ne plus se suffire à soi-même. Etre nu c’est se sentir regarder par le dos et les nuques des pauvres et entendre à travers eux le cri et les sanglots d’une humanité souffrante. Etre nu, c’est prendre conscience de l’existence d’un monde et à travers l’existence de ce monde.

Alors, «philosopher, est-ce déchiffrer dans un palimpseste une écriture enfouie ?»[21]. Appliquée au sens de l’existence, la question surprend. En effet, il n’est pas nécessaire d’être érudit pour éprouver dans sa chair la différence entre soi et les autres, voire entre le moi et le soi. Pourtant, il convient néanmoins de s’arracher à sa manière d’être, non pas pour être autrement, mais pour que l’être de l’Autre se substitue à celui du Même. Dans sa nudité, le sujet se reçoit comme étranger à lui-même, inquiet par la présence de l’Autre.

Voué au prochain par sa nudité, l’homme s’approche de l’homme dans une vulnérabilité extrême, une sensibilité de soi pour les autres. Cette sensibilité est silence, «dire qui ne dit mot, qui infiniment –pré-volontairement– consent»[22]. Elle est sincérité qui se découvre, se pose et se propose sans honte ni trouble au visage. Elle est l’aptitude d’un corps qui s’offre à la volonté de l’Autre et qui dit l’humain dans une passivité ouverte à tous les possibles. Il revient au philosophe de traduire cet indicible, non pas dans l’ambiguïté de beaux discours mais dans un dire prophétique du mystère humain qui prend en compte «le réel de violences et d’oppression»[23].

La vulnérabilité, c’est l’obsession par autrui ou approche d’autrui. Elle est pour autrui, de derrière l’autre de l’excitant. Approche qui ne se réduit ni à la représentation d’autrui ni à la conscience de la proximité. Souffrir par autrui, c’est l’avoir à charge, le supporter, être à sa place, se consumer par lui. Tout amour ou toute haine du prochain comme attitude réfléchie, supposent cette vulnérabilité préalable : miséricorde «gémissement d’entrailles». Dès la sensibilité, le sujet est pour l’autre : substitution, responsabilité, expiation[24].

mémoire corporelle et mauvaise conscience

Lévinas ne craint pas pour son corps au sens où la mort pourrait correspondre à la finalité de ce dernier. Il semble rester «en deçà» du moment de la mort pour mieux éprouver la «menace» de l’au-delà. L’expérience même d’avoir un corps, d’être là, correspond chez lui à une faute, à un manquement aux convenances[25]. La nudité découvre la conscience honteuse. Etre nu, ce n’est pas seulement ne pas porter d’habits. Etre nu c’est être en rapport avec tout ce qu’il y a à cacher et qui ne peut être enfoui. Dans l’incapacité radicale de se cacher aux autres et à soi-même, la conscience se découvre par excès d’extériorité, comme «une percée vers la Hauteur»[26].

Avoir conscience c’est accueillir autrui au cœur d’une liberté mise en question dans sa «glorieuse spontanéité de vivant»[27]. Cette mise en question de la spontanéité constitue le caractère fondamental de la conscience morale. Seule la conscience morale permet de sortir de l’être qui existe sans tenir compte de l’Autre et des autres. La conscience morale n’est pas une option, mais la condition même pour fonder la liberté humaine sur la vérité et la justice. «Etre libre, c’est construire un monde où l’on puisse être libre»[28].

L’homme timide, qui ne sait quoi faire de ses bras et de ses jambes, est incapable en fin de compte de couvrir la nudité de sa présence physique par sa personne morale. La pauvreté n’est pas un vice, mais elle est honteuse car elle fait transparaître comme les guenilles du mendiant la nudité d’une existence incapable de se cacher. Cette préoccupation de vêtir pour cacher concerne toutes les manifestations de notre vie, nos actes et nos pensées[29].

L’humain, c’est le retour à la mauvaise conscience, «c’est l’impossibilité d’envahir la réalité comme une végétation sauvage qui absorbe ou brise ou chasse tout ce qui l’entoure»[30]. L’humain, c’est pouvoir comprendre qu’au plus profond de la faim réside l’aveuglement de l’âme et, au cœur de l’opulence, la nécessaire compromission du libre arbitre[31]. La véritable nudité c’est le moment où le Moi est atteint par le tourbillon de la souffrance de l’autre, persécuté par la faute de ses persécuteurs[32].

Même extérieur à soi, le monde –dont s’est libérée la conscience– menace l’inconscient. Etre soi c’est ne pas pouvoir échapper à l’altérité du prochain, c’est être opprimé par sa présence. Le désir n’a de repos que s’il repose en l’Autre. La conscience ne supporte sa nudité que si elle est couverte par la nudité de l’autre. Il faut que la nudité de l’autre tire le moi de son sommeil pour que le soi trouve la paix. La mémoire corporelle –mémoire du corps nu– est à la conscience ce que le pauvre est pour la société : le secret de l’amour du prochain.


 


[1] L’éthique qui se dévoile est une optique, «l’accession même à la Divinité» (DL 137). Spirituelle, cette optique reflète l’invisible à partir de la présence humaine. Œuvre de justice, elle donne «connaissance» de Dieu en s’appuyant sur l’indispensable rapport présent dans les relations humaines. Morale, elle inclut l’auteur et son œuvre dans l’expérience sensible de l’entendement sans verser dans un sublime esthétique ou ontologique.
[2] Cf. R. Visker, D’une autre nudité d’autrui : N. Frogneux et F. Mies (dir.), Emmanuel Lévinas et l’histoire. Actes du Colloque international des Facultés universitaires Notre-Dame de la Paix (20-21-22 mai 1997), Paris 1998, 211-214.
[3] Préface, TI 5.
[4] «Nous nous trouvons dans une situation extrême quand nous sommes soudain catapultés dans un ensemble de conditions de vie où nos valeurs et nos mécanismes d’adaptation anciens ne fonctionnent plus et que certains d’entre eux mettent même en danger la vie qu’ils étaient censés protéger. Nous sommes alors, pour ainsi dire, dépouillés de tout notre système défensif et nous touchons le fond; nous devons nous forger un nouvel ensemble d’attitudes, de valeurs et de façons de vivre, selon ce qu’exige la nouvelle situation» : B. Bettelheim, Survivre, Paris 1979, 24.
[5] Cf. TI 281.
[6] AT 100-101.
[7] «Le prochain, premier venu, me concerne pour la première fois (fût-il vieille connaissance, vieil ami, vieil amour, impliqué depuis longtemps dans le tissu de mes relations sociales), dans une contingence excluant l’a priori» : AE 137-138.
[8] EI 92-98.
[9] Cf. EN 140.
[10] «C’est parce que dans la proximité s’inscrit la trace de l’Infini –trace démesurée pour le présent, et qui invertit l’arché du présent en anarchie– qu’il y a délaissement, obsession, responsabilité et Soi» : E. Lévinas, La substitution : Revue Philosophique de Louvain 66 (1968) 501.
[11] «Elle [la proximité] est contact d’Autrui. Etre en contact : ni investir autrui pour annuler son altérité, ni me supprimer dans l’autre. Dans le contact même, le touchant et le touché se séparent, comme si le touché s’éloignant, toujours déjà autre, n’avait avec moi rien de commun» : E. Lévinas, La proximité : Archives de Philosophie 34 (1971) 377.
[12] «Visage approché, contact d’une peau : visage s’alourdissant de peau et peau où, jusque dans l’obscénité, respire le visage altéré –ils sont déjà absents d’eux-mêmes, chus de laps irrécupérable dans le passé. La peau caressée n’est pas la protection d’un organisme, simple surface de l’étant ; elle est l’écart entre le visible et l’invisible, quasi transparent, plus mince que celui qui justifierait encore une expression de l’invisible par le visible. Cette minceur n’est pas un infinitésimal de la quantité, de l’épaisseur. Minceur déjà réduite à l’alternance de sens ; Ambiguïté du phénomène et de sa défection ; pauvreté exposée dans l’informe et retirée de cette exposition absolue dans la honte pour sa pauvreté» : AE 143.
[13] «Que je mange c’est important, mais il est encore plus important que l’autre mange» : A. Münster (dir.), La différence comme non-indifférence. Ethique et altérité chez Emmanuel Lévinas, Paris 1995, 138. Cf. B. Bettelheim, Survivre, Paris 1979, 371.
[14] Sensible au message socratique –pour préférer la rencontre des hommes en ville à celle des arbres à la campagne (DL 301)–, Lévinas ne partage cependant pas la notion grecque du corps. «Le corps n’est ni l’obstacle opposé à l’âme, ni le tombeau qui l’emprisonne, mais ce par quoi elle est la susceptibilité même, –ce qui se blesse et s’immole– le Soi» : E. Lévinas, La substitution : Revue Philosophique de Louvain 66 (1968) 496, note 13.
[15] AE 148.
[16] Cf. EDE 222-228.
[17] TI 178.
[18] Cf. D. Anzieu, Le Moi-peau, Paris 1985.
[19] «La sexualité humaine n’est peut-être, que cette attente d’un visage inconnu, mais connu» : EDE 212.
[20] Cf. DL 183.
[21] HH 108.
[22] HH 106.
[23] HH 96.
[24] HH 105.
[25] DE 117.
[26] DL 378.
[27] TI 83.
[28] TI 179.
[29] DE 112.
[30] DL 23.
[31] Cf. V. Grossman, Vie et Destin, Paris 1983, 197-198.
[32] «Non-être c’est porter la charge de la misère et de la faillite de l’autre et même de la responsabilité que l’autre peut avoir de moi : être ‘soi’, c’est toujours avoir un degré de responsabilité de plus. La responsabilité pour autrui est peut-être l’événement concret que désigne le verbe ‘non-être’ quand on veut le distinguer et du néant et du produit de l’imagination transcendantale» : E. Lévinas,
La substitution : Revue Philosophique de Louvain 66 (1968) 502.


Date de création : 11/11/2005 - 18:30
Dernière modification : 11/11/2005 - 18:30
Catégorie : Lévinas de A à Z
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