Espacethique : Emmanuel Levinas

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Philosophie et religion (Fait religieux)

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Philosophie et religion

L’antique question du sens de la vie, traditionnellement prise en charge par la philosophie et les grandes religions, semble reléguée au domaine de l’intime. L’individu moderne doit faire face seul aux expériences cruciales de l’existence (deuil, mal radical, amour). Au nom de la liberté de conscience et de la laïcité, l’humanisation du divin a rejeté les dogmes (chrétiens). Mais en parallèle, une divinisation de l’humain a fondé le lien social, non sur la tradition, mais sur le sentiment et l’affinité élective. De la bio-éthique à l’humanitaire, l’homme fait figure de sacré.[75]

Dans le débat autour du sens de la vie, philosophie et religion questionnent autrement les implications vitales et concrètes des êtres humains. La philosophie engage une conception différente de l’absolu et de Dieu.

Le Dieu de la philosophie est cherché dans la zone de l’intelligibilité, à partir de l’exigence de sens. Et jamais on ne peut se situer en face de lui dans la rencontre et le dialogue, même en se dépouillant de toutes les pesanteurs affectives. Le croyant refuse bien souvent le « Dieu des philosophes » et le philosophe considère le Dieu « sensible au cœur » de la religion comme une idole.

Le philosophe a souvent cherché à épurer le concept de Dieu des anthropomorphismes des grandes religions positives. Dans une certaine tradition, la connaissance philosophique ruine la religion en la rejetant dans la naïveté imaginative. L’absolu dévoilé dans la philosophie révèle la vérité du Dieu de la religion en la dépassant radicalement.

Pour le philosophe, la religion ne saurait être séparée de l’effort que l’homme fait et doit faire pour être un homme et pour vivre dans le monde (viser l’immédiateté sans jamais s’y installer). Dans l’expérience concrète de la finitude, l’homme religieux a à devenir homme et à renoncer à être Dieu : le monde est plein des dieux, et dans ce monde il reste toujours à apprendre à vivre, et à vivre en homme (religion silencieuse).[76]

La philosophie[77] s’interroge sur :

- la médiation symbolique (peut-on voir les choses telles quelles sont ?)

- la croyance dénuée de science (mythe) et celle que donne la science (logos)

- la rigueur (scientifique) et l’ambiguïté (du langage) des concepts

- l’expérience (du doute, du scandale, de l’idée de justice et de vérité)

Pour se dépasser, il ne suffit pas à l’homme d’avoir la sensation, ni de jouir d’images mythologiques, ni de rêver, ni d’user de paroles sublimes, comme si la réalité s’y trouvait incluse. Ce n’est que dans l’action sur lui-même et sur le monde, dans la réalisation de soi, qu’il prend conscience de lui-même, qu’il domine la vie et se dépasse. Cela s’opère dans deux directions : par un progrès illimité dans le monde, et par l’infinitude de la transcendance, qui lui est présente.[78]

La philosophie est une quête incessante qui ne débouche pas sur une confession de foi.

La philosophie de la religion considère l’expérience religieuse comme une donnée universelle qui doit nous permettre de connaître d’une manière universelle, les profondeurs du cœur humain. Derrière la diversité des religions se retrouverait l’unité de la nature humaine.

Dans l’étude philosophique de la religion, il convient de distinguer :

- la théorie des « gestes » de l’homme (attitude religieuse : rites, pratiques, sentiments)

- et la théorie du contenu de la foi (sentiment du « sacré » ou « révélation »).

Une croyance religieuse ne justifie pas l’ « intolérance » sur le plan social et humain. Il convient dès lors de distinguer l’esprit religieux (intérieur et personnel) de l’esprit clérical (vénération des représentants du culte qui pose souvent un problème social et historique).[79]

Judaïsme, christianisme et islam

Judaïsme, christianisme et islam sont communément présentées comme :

- des religions monothéistes : il n’existe qu’un seul Etre suprême, absolu, infini, spirituel et personnel

- des religions de la « révélation » : révélation de Dieu par lui-même

- des religions du salut : révélation qui culmine dans un jugement eschatologique

A tort plus qu’à raison, on les considère comme :

- des religions du Livre : révélation qui se traduit par une parole venant de Dieu

A chacune de ces religions est associée l’idée :

- d’un Temple (synagogue, église, mosquée),

- d’une personnalité religieuse (rabbin, prêtre/pasteur/pope, imam)

- de lieux symboliques de pèlerinages (Jérusalem, Rome, La Mecque)

- de symboles transmis par les traditions populaires (étoile de David, croix et poisson, croissant de lune et main de Fatima, voile)

Ces religions partagent en plus dans leurs rites et croyance le symbolisme :

- de l’eau (purification et ablution, puits dans le désert, fleuve, bénédiction)

- de l’arbre (cèdre, olivier, figuier)

- de l’animal (immolé : agneau, d’offrande ou impur, poisson : ιχθυς)

- du feu (lumière)

- de l’huile (huile d’olive)

- des couleurs (blanc : pureté, couleur du linceul, manteau du prophète)

- des chiffres (numérologie, noms divins, chiffre 7).

Le monothéisme marque une rupture avec le sacré. Il est un athéisme.

Le monothéisme juif n’exalte pas une puissance sacrée, un numen triomphant d’autres puissances numineuses, mais participant encore de leur vie clandestine et mystérieuse. Le Dieu des juifs n’est pas le survivant de dieux mythiques. Abraham, le père des croyants, aurait été fils d’un marchand d’idoles, selon un apologue. Profitant de l’absence de Tereh, il les aurait brisées toutes, en épargnant la plus grande d’entre elles pour lui faire porter, aux yeux de son père, la responsabilité du massacre. Mais Tereh revenu ne peut accepter cette version fantastique : il sait qu’aucune idole au monde ne saurait détruire les autres idoles. Le monothéisme marque une rupture avec une certaine conception du sacré. Il n’unifie ni ne hiérarchise ces dieux numineux et nombreux ; il les nie. A l’égard du divin qu’ils incarnent, il n’est qu’athéisme.[80]

Judaïsme

L’image acoustique du terme « judaïsme » dépasse de nos jours de loin de seul renvoie à une religion et à ses pratiques. Dans l’actualité il est souvent évoqué par le biais de profanations de sépulture, de destructions de synagogues et d’atteintes aux personnes. A travers ces seuls faits et les époques sombres de l’histoire européenne auxquelles ils renvoient, le judaïsme apparaît comme un « humanisme » dont chaque atteinte particulière est une tentative de s’approprier l’universel.

Le mot « judaïsme » recouvre, de notre temps, des concepts très divers. Il désigne, avant tout une religion –système de croyances, de rites et de prescriptions morales, fondées sur la Bible, le talmud, sur la littérature rabbinique, souvent combinés avec la mystique ou la théosophie de la kabbale. Les formes principales de cette religion n’ont pas beaucoup varié depuis près de deux millénaires et attestent un esprit pleinement conscient de soi, reflété dans une littérature religieuse et morale, mais susceptible d’autres prolongements. « Judaïsme » signifie, dès lors, une culture –résultat ou fondement de la religion, mais ayant un devenir propre. A travers le monde –et même dans l’Etat d’Israël– des juifs s’en réclament sans foi ni pratiques religieuses. Pour des millions d’israélites assimilés à la civilisation ambiante, le judaïsme ne peut même pas se dire culture : il est une sensibilité diffuse faire de quelques idées et souvenirs, de quelques coutumes et émotions, d’une solidarité avec les juifs persécutés en tant que juifs.

Et cette sensibilité, et cette culture, et cette religion sont cependant perçues du dehors, comme les aspects d’une entité caractérisée que l’on est embarrassé de classer. Nationalité ou religion ? Civilisation fossilisée qui se survit, ou ferment d’un monde meilleur ? Mystère d’Israël ! Cet embarras reflète une présence à l’histoire unique en son genre. En effet, source des grandes religions monothéistes auxquelles le monde moderne doit autant qu’à la Grèce et à la Rome antiques, le judaïsme appartient à l’actualité vivante, en plus de son apport en concepts et en livres, par des hommes et des femmes qui, pionniers de grandes entreprises et victimes de grandes convulsions de l’histoire, se rattachent en ligne droite et ininterrompue au peuple de l’Histoire Sainte. La tentative de ressusciter un Etat en Palestine et de retrouver les aspirations créatrices de portée universelle d’autrefois ne se conçoit pas en dehors de la Bible.[81]

Doctrine

Foi au Dieu unique et créateur qui a conclu alliance avec Israël, en fidélité à la promesse faite à Abraham et renouvelée avec Moïse assurant le peuple élu de sa Bénédiction en échange d’un total respect de la Loi. Le fait d’être élus par Yahvé engage la responsabilité des juifs à le faire connaître à toutes les nations comme Dieu Tout-Autre et plein d’Amour.

Le premier devoir du juif est de se livrer à l’étude de la Tora écrite (Tora ou Pentateuque, Newiim ou Prophètes, Ketouvim ou Ecrits) et orale (Halakah qui contient les commandements, 613 mizvoth) et Aggadah (légende).

L’étude de la Torah constitue le premier commandement et conduit à la prière (trois fois par jour). La prière comporte le Shema (profession de foi juive), les dix-huit bénédictions (Amida) et le kaddish (sanctification du nom).

La semaine est rythmée par le Shabbat, jour de repos allant du vendredi soi au samedi soir et marqué par la lecture de la Tora et les offices à la synagogue.

Les fêtes et célébrations de la vie

L’année juive est marquée par :

- cinq grandes fêtes (3 fêtes joyeuses dites de pèlerinage et 2 fêtes austères) : Pessah (fête du printemps et du renouveau célébrant l’événement fondateur du peuple de Dieu), Chavouoth (fête du don de la Tora au Sinaï), Soukkoth (fêtes des tentes, des récoltes à l’automne qui célèbre la marche au désert), Rosh-ha-Shana (jour de l’an juif qui débute par dix jours de pénitence, le dixième jour étant le jour de Kippour) et Yom Kippour (jour des Expiations).

- et 3 petites fêtes : Hannouka (fête de la Dédicace du Temple, fête des lumières à la mi-décembre), Pourim (délivrance du peuple juif en Perse), Yom Hahatsmaouth (jour de l’indépendance, fondation de l’Etat d’Israël, le 14 mai 1948).

Chaque étape de la vie est célébrée :

- à la naissance : rite de la circoncision le huitième jour pour le garçon, collation du prénom au trentième jour pour la fille

- à la puberté : fête des Bar Mitzva (responsable) pour le garçon à 13 ans, de la majorité pour la fille à 12 ans

- rite de mariage

- récitation du Kaddish (sanctification du nom) sur la tombe

L’univers de l’homme biblique : le récit des origines

Les 11 premiers chapitres de la Torah commencent par raconter les origines :

- de la création (deux récits)

- du bien et du mal (premier meurtre)

- des désordres qui sont dans le monde (déluge)

- de la réaction de Dieu en face de cette situation (confusion des langues)

Le douzième chapitre s’ouvre avec l’appel d’Abraham qui quitte les idoles de son père pour s’attacher au Dieu unique et devenir ainsi canal de bénédiction pour tous les peuples.

A l’origine d’Israël il y a un groupe de clans nomades qui ont pour ancêtres : Abraham, Isaac et Jacob (père des tribus d’Israël).

Christianisme

Le christianisme est une religion qui se fonde sur la Révélation divine inaugurée par l’Ancien Testament et pleinement manifestée dans l’enseignement (la Bonne Nouvelle) de Jésus-Christ. Le christianisme désigne une foi commune centrée sur la Trinité, l’Incarnation et la Rédemption.

Trois Eglises sont fondées sur la personne et l’enseignement de Jésus-Christ :

- l’orthodoxie,

-   le protestantisme,

-  le catholicisme.

Elles partagent :

- une profession de foi commune (grec : κήρυγμα, latin : credo)

- un Evangile[82] (ευ̉αγγέλιον, Bonne Nouvelle) qui proclame Jésus de Nazareth comme le Fils de Dieu Sauveur (ιησου χριστου – θεος – υιος – σωτηρ)

- une prière pour l’Eglise et le monde (œcuménime)

Elles diffèrent dans leur recours :

- aux sacrements et sacramentaux

- à une liturgie de la parole et de la Cène (ευ̉χαριστία, action de grâces)

- aux saints, aux icônes et aux lieux de pèlerinage

Les principales fêtes chrétiennes rythment le temps liturgique, moyen d’aider les chrétiens à vivre en Eglise les grands événements du salut apporté par l’humanité de Jésus-Christ :

- Pâques[83] : la période préparatoire à Pâques est le Carême, temps de pénitence et de conversion de 40 jours, s’ouvre avec le Mercredi des Cendres, culmine dans la semaine sainte (marquée par le dimanche des Rameaux (ou de la passion) et le triduum pascal –jeudi, vendredi et samedi saints). Les sept semaines qui suivent (« une semaine de semaine ») constituent le temps pascal : elles englobent l’Ascension (40 jours après Pâques) et la Pentecôte (50ème jour).

- Noël[84] : fête qui commémore la Nativité du Christ. Fixée au solstice d’hiver, elle est préparée par 4 semaines d’Avent. Le premier jour (dimanche) de l’Avent marque le premier jour du calendrier liturgique chrétien. Le temps de Noël s’achève avec la fête de l’Epiphanie.

- le temps ordinaire est marqué quant à lui par des solennités et fêtes : l’Assomption (15 août), la fête de tous les saints (1er novembre), la commémoration des défunts.

Le christianisme est issu du judaïsme (à l’origine considéré comme une secte). Il s’est développé sur fonds de persécutions et a profité de l’expansion de l’empire romain pour s’étendre de Jérusalem (monde sémite et grec) à Rome (monde latin). Il emprunte à ces univers culturels les concepts pour transcrire sa foi au Dieu de l’Alliance.

La Septante (LXX), établie entre 250 et 130 av. J.C. est la plus ancienne des versions grecques de la Bible établie pour les juifs de langue grecque. Elle fut très utilisée par l’Eglise chrétienne ancienne.

La Vulgate est la traduction latine de la Bible adoptée par l’Eglise catholique. Elle est l’œuvre de saint Jérôme qui travailla à partir du texte hébreu.

L’Eglise orthodoxe

« Orthodoxe » (« conforme à la juste doctrine ») est la qualification que s’est donnée l’Eglise d’Orient après sa séparation en 1054 de l’Eglise de Rome.

La foi orthodoxe repose sur les enseignements des Pères de l’Eglise et des sept premiers Conciles.  Elle n’a pas de différence de fonds avec la foi catholique, mais d’approche de la doctrine et de sensibilité.

Représentation religieuse : Patriarcat et Eglise autocéphale

Lieu représentatif : Mont Athos (Grèce)

Le protestantisme

Il s’exprime autour de trois grands courants originels autour de Luther[85], Zwingli et Calvin, et d’un courant plus spécifique l’Anglicanisme. De là sont nées de nouvelles « Eglises de la Réforme », en particulier l’Anabaptisme, le Congrégationalisme, les Presbytériens d’Ecosses, les Quakers, les Méthodistes, les Evangéliques, les Pentecôtistes.

Les croyants se rassemblent dans des communautés, églises locales, dirigées par des laïcs élus (Conseils presbytéraux) auxquels sont proposés pour leur service des pasteurs préparés dans des instituts et facultés. Les pasteurs sont généralement consacrés (ordonnés) par l’imposition des mains, pour leur mission de service de la communauté (ils sont généralement mariés, des femmes sont pasteurs). D’autres ministères divers s’y exercent également.

L’Eglise catholique

Du grec καθολικος, « universel », de rite oriental ou romain.

Doctrine qui proclame un seul Dieu en trois personnes. Le Fils, Jésus-Christ, né de la Vierge Marie, s’est fait homme pour le salut de l’humanité ; mort sur la Croix il a été ressuscité par le Père ; il reviendra à la fin des temps pour le jugement des hommes. L’Eglise est une (parce que le Christ en est la tête), sainte (par la mission de sanctification que le Christ lui a confiée), catholique (universelle), apostolique (fidèle à la foi donnée par Jésus à ses apôtres).

Il y a sept sacrements, signes institués par Jésus-Christ pour faire participer les chrétiens à son mystère pascal :

- Baptême (sacrement à caractère et unique), eucharistie, confirmation,

- ordre, mariage (sacrements de la vie adulte),

- réconciliation, onction des malades (anc. extrême onction).

Des sacramentaux complètent les rites : profession de foi, première communion et communion solennelle, adoration et bénédiction du saint sacrement, eau bénite, prière du rosaire et chapelet, processions, images saintes, reliques, etc.

Représentation religieuse : le pape (successeur de Pierre). La hiérarchie romaine est constituée du secrétaire d’Etat, de congrégations, secrétariats, conseils, commissions, comités.

La cité du Vatican forme un minuscule Etat souverain (le plus petit du monde : 44 ha), dont la raison d’être est d’assurer au Saint-Siège, dans le gouvernement de l’Eglise, son indépendance à l’égard de toute puissance temporelle

En même temps qu’un droit canonique, l’Eglise s’est donnée des institutions judiciaires : le Tribunal suprême de la Signature apostolique, la Rote romaine, les tribunaux du Siège Apostolique (la Sacrée Pénitencerie, Congrégation pour les causes des saints, Congrégation pour la Doctrine de la Foi).

Le Vatican dispose : d’une radio (Radio-Vatican), d’un annuaire pontifical (Annuario Pontificio), l’Attivita della Santa Sede, d’un annuaire statistique de l’Eglise (publié en sept langues), des Actes du Saint-Siège (Acta Apostolicae Sedis), d’un quotidien rédigé en italien et imprimé au Vatican (Osservatore romano).

Pour les catholiques, le peuple de Dieu est divisé entre laïcs (célibataires, mariés ou religieux) et clercs (cardinaux, évêques, prêtres, diacres).

La vie chrétienne des catholiques est « guidée » par trois livres :

- l’Evangile (et les commandements de Dieu)

Le disciple du Christ est invité à prolonger par sa propre vie le salut inauguré par Jésus de Nazareth en le proclamant à toutes les nations comme le Fils unique de Dieu, Sauveur et Rédempteur du monde.

- le catéchisme de l’Eglise catholique (commandements de l’Eglise)

Ce Catéchisme a pour but de présenter un exposé organique et synthétique des contenus essentiels et fondamentaux de la doctrine catholique tant sur la foi que sur la morale, à la lumière du Concile Vatican II et de l’ensemble de la Tradition de l’Église. Ses sources principales sont l’Écriture Sainte, les saints Pères, la liturgie et le Magistère de l’Église. Il est destiné à servir « comme un point de référence pour les catéchismes ou compendia qui sont composés dans les divers pays ».

Le plan de ce Catéchisme s’inspire de la grande tradition des catéchismes qui articulent la catéchèse autour de quatre « piliers » : la profession de la foi baptismale (le Symbole), les sacrements de la foi, la vie de la foi (les Commandements), la prière du croyant (le Notre Père).

- le code de droit canonique

Qui s’adresse aux fidèles de l’Eglise catholique romaine et qui vise le « salut des âmes ».

L’enseignement de l’Eglise est diffusé à travers les actes du Souverain Pontife : Constitution apostolique, Motu proprio, Bulle, Bref apostolique, Rescrit, Indult, Encyclique, Exhortation apostolique, lettre apostolique.

Lieux représentatifs : la Terre Sainte, Citée du Vatican (tombeau de Pierre), basiliques (Paul, Jacques), catacombes, lieux des martyrs chrétiens, cathédrales, sanctuaires mariaux.

Islam

Comprendre l’Islam[86] c’est déjà éviter de confondre l’islam (religion) avec le monde arabe :

L'ethnie arabe, connue historiquement depuis environ trois mille ans, a expérimenté les cultures et les pratiques religieuses païennes, zoroastriennes, judaïques, chrétiennes... Depuis quinze siècles, elle est majoritairement musulmane.

Quatre raisons principales expliquent la confusion entre Arabe et musulman : le prophète de l'Islam fut Arabe ; le Coran, texte sacré de l'Islam, fut révélé en arabe ; les Arabes furent le premier noyau porteur de l'Islam ; La tendance, fâcheuse, qui consiste à ne considérer les Arabes que sous l'angle de la religion.

Cependant, on peut compter parmi les croyants des Arabes de confessions chrétienne et juive.[87]

Présenter l’Islam, c’est se référer à Mahomet (Muhammad, env. 570 de l’ère chrétienne à 632) :

-         comme une personnalité historique liée à son temps et à son milieu et dont l’action reste influente, jusqu’à aujourd’hui

-         comme le messager de l’ultime religion révélée (récepteur d’un message divin, témoin de la divinité et fondateur d’une religion)

Religion englobante, l’Islam ignore la distinction entre le sacré et le profane, entre le religieux et le laïc.

Rappel historique

Le calendrier musulman débute par l’émigration (Hégire) de La Mecque pour Médine (« ville du prophète »). Lorsqu’en 630, Mahomet prendra La Mecque, il combat les polythéistes, fixe les règles du pèlerinage, légifère et exhorte les musulmans à demeurer unis après lui. Aux anciennes organisations tribales il substitue la Communauté (Umma) de Croyants, fondée sur le seul lien religieux et composée alors de deux groupes : les « Expatriés » de la Mecque et les « Soutiens » de Médine.

Sous les quatre premiers califes (Abou-Bakr, Omar, Othman [gendre du prophète], Ali [gendre du prophète et époux de sa fille Fatima],) « ceux qui guident dans la voie droite », l’Islam connut une expansion triomphale ; passant d’une microsocialité tribale à un espace de dimensions impériales. La Grande Epreuve met fin au califat médinois, c’est le début des omeyyade : proclamation de « successeur du Messager de Dieu » (rupture avec les représentations et terminologies tribales) et désignation d’un héritier présumé. Le monde musulman actuel se répartit en plusieurs groupes. Les Sunnites[88] se réclament les héritiers de la dynastie des Omeyyades. Les chiites, descendants d’Ali et Fatima (fille du prophète), considèrent que les imams ou « guides de la Umma » ont capacité à conduire la communauté.

L’Islam est une religion aux dimensions collectives et communautaires où le contrôle social et le sens de l’honneur sont insistants.

La foi islamique

Les enseignants musulmans distinguent trois éléments constitutifs de la foi islamique[89] :

- l’Islam, la soumission de l’être tout entier

- l’Imam, l’obéissance aux prescriptions

- l’Ihsan, la saine conduite

Appartenir à la communauté des musulmans, tel que cela se dégage du Coran, c’est souscrire au respect de cinq principes (piliers) essentiels :

- la profession de foi (shahada) ou double profession de foi : « j’atteste qu’il n’y a pas d’autre divinité (ou dieu) qu’Allah, et que Mahomet et son envoyé ».

- la prière (salât) canonique cinq fois répétée par jour (cf. récitation des versets du coran, prière du vendredi, chapelet)

- l’impôt purificateur (zakât) ou la dîme (10% de ce que l’on acquiert)

- le jeûne de ramadan : neuvième mois de l’année lunaire musulmane, consacré au jeûne légal.[90]

- le pèlerinage (hajj) : obligation pour tout musulman sain de corps et d’esprit, qui en a les moyens sans mettre en péril ceux dont il a la charge.

- On ajoute parfois la guerre sainte (jihâd).

Lorsque le Coran n’a pas de préceptes concrets concernant une situation de la vie sociale, c’est la « shari’a » (cf. juristes musulmans des trois premiers siècles) qui s’applique, sinon une jurisprudence s’applique (fetwa).

L’Islam compte deux fêtes principales et plusieurs journées importantes de commémorations d’événements :

- Aid-El-Fitr : fin du Ramadan et rupture du jeûne (premier jour du dixième mois)

- Aid-el-Kebir : fin du temps du pèlerinage et jour du sacrifice du mouton (dixième jour du douzième mois)

Les « journées importantes » sont :

- le jour de l’an (jour de l’hégire)

- le jour anniversaire du prophète

- le jour souvenir du voyage nocture et merveilleux que Mahomet fit au ciel

- le jour souvenir du changement de direction de la prière accompli à Médine en 623


« Qu’est-ce que la religion ? »

Elle est

« une vision éthique du monde » qui « procède d’une suspension de l’éthique. »[91]

La religion est relation éthique : en elle le contact avec un être extérieur est institué et investi.

En tant que rapport avec le divin, la religion « traverse le rapport avec les hommes et coïncide avec la justice sociale. » Ouverte à tous, elle est universelle.[92]




[65] Croyance en l’existence d’un dieu créateur, mais sans référence à une révélation. Le déisme se refuse de dire quoi que ce soit de Dieu et renonce à se le représenter.

[66] Philosophie ou religion qui s’appuie sur des dogmes et rejette catégoriquement le doute et la critique.

[67] Tendance de certains adeptes d’une religion à revenir à ce qu’ils considèrent comme fondamental, originel.

[68] Connaissance des réalités divines de nature religieuse et ésotérique, supérieure à celle des simples croyants et donnant accès au salut.

[69] Image ou représentation d’une divinité qui est l’objet d’un culte d’adoration.

[70] Ensemble de croyances propres à une société ou à une classe sociale.

[71] Attitude et disposition d’esprit de certains croyants qui, au nom d’un respect intransigeant de la tradition, se refusent à toute évolution.

[72] Système philosophique ou religieux qui tend à fusionner plusieurs doctrines différentes.

[73] « Partie de la métaphysique qui étudie la manière dont Dieu a créé le monde. La théodicée tente, notamment, de concilier l’existence du mal (souffrances, guerres, tentations), au niveau de notre humanité, avec l’irresponsabilité de Dieu, sa bonté originelle : pourquoi, en effet, Dieu qui est parfait a-t-il créé un homme capable de faire le mal ? ». Cf. Art. théodicée : Dictionnaire Larousse de la philosophie, p. 300.

[74] Système d’idées, de coutumes fondé sur la tradition.

[75] Cf. Luc Ferry, L’homme Dieu ou le Sens de la vie, Bernard Grasset, Paris 1996.

[76] Cf. Yves Cattin, Aborder la philsophie, Seuil, Paris 1997, p. 81-87 ; Mémo, 56.

[77] Cf. Françoise Raffin, Introduction à la philosophie, Armand Colin, Paris 1998 ; Synthèse, 55.

[78] Karl Jaspers, Initiation à la méthode philosophique, Editions Payot et Rivages, Paris 1994, p. 46.

[79] Cf. Art. religion : Dictionnaire Larousse de la philosophie, p. 262-266.

[80] Emmanuel Levinas, Une religion d’adultes : Difficile liberté. Essais sur le judaïsme, Albin Michel, Paris 1976, 29.

[81] Emmanuel Levinas, Judaïsme : Difficile liberté. Essais sur le judaïsme, Albin Michel, Paris 1976, 43.

[82] Il y a quatre évangiles (Matthieu, Marc, Luc et Jean) réunis dans le Nouveau Testament.

[83] La date de Pâque est mobile. Le Christ étant en effet mort le jour de la Pâque juive, l’Eglise a voulu célébrer annuellement l’événement en respectant la tradition juive.

[84] La tradition populaire (cf. textes apocryphes) a associé à la fête de Noël : la couronne de l’Avent, saint Nicolas, la crèche avec le bœuf et l’âne, l’arbre de Noël (sapin chargé de lumière et symbole de la vie), la messe de minuit, les rois mages et la galette.

[85] Martin Luther (1483-1546) publie en 1517 ses « 95 thèses » à Wittemberg : il refuse le trafic des indulgences et la primauté du pape, dénonce le culte aux saints et la « édification » de la Vierge Marie, limite à l’eucharistie et au baptême les sacrements institués par le Christ, proclame un sacerdoce universel des baptisés, développe la notion de prédestination et de salut par la foi, traduit la Bible en langue populaire, etc.

[86] Cf. Frithjof Schuon, Comprendre l’islam, Seuil, Paris 1976 ; Ali Merad, L’islam contemporain, PUF, Paris 1984 (Que sais-je ? n°2195) ; Régis Blachère, Le Coran, PUF, Paris 1992 (Que sais-je ? n°1245) ; Claude F. Molla, L’islam c’est quoi. 150 questions et réponses, Labor et Fides, Genève 1992.

[87] Cf. la présentation de l’islam sur Internet réalisée par l’Institut du monde arabe.

[88] Les plus nombreux. Il affirment que la direction de la Communauté suppose : l’appartenance à la lignée du prophète, l’expertise dans les questions religieuses, la capacité politique.

[89] Cf. Claude F. Molla, L’islam c’est quoi. 150 questions et réponses, Labor et Fides, Genève 1992.

[90] Du lever au coucher du soleil, il est formellement interdit de manger, de boire, de fumer, d’avoir des relations conjugales. Les faibles d’esprit, les malades, les vieillards, les femmes enceintes ou qui allaitent, les voyageurs et les travailleurs de force sont dispensés du jeûne. Il est spécifiquement interdit de jeûner si l’ennemi menace, en cas de danger de mort, et pour les femmes pendant leurs périodes critiques et les quarante jours qui suivent un accouchement. Les jours ainsi négligés doivent être rattrapés par d’autres ou remplacés par un autre genre de sacrifice, ou par une offrande conséquente.

[91] Paul Ricœur, De l’interprétation. Essai sur Freud, Seuil, Paris 1965, p. 524.

[92] Emmanuel Levinas, Une religion d’adultes : Difficile liberté. Essais sur le judaïsme, Albin Michel, Paris 1976, 24-42.