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" Kovno est aussi une ville où se côtoient et s'entrecroisent alors tous les courants de la vie juive moderne. On y retrouve à l'oeuvre les tentations de l'assimilation et les nostalgies de la tradition, la passion de l'étude, l'essor du yiddischisme et la reconnaissance de l'hébreu, l'aversion pour les injustices de l'Etat tsariste et l'attrait pour la culture russe. Tout cela se mêle à l'intérieur d'une société juive traversée par des sensibilités diverses et souvent opposées. [...]
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L’ironie de l’histoire veut que, lorsque Emmanuel Lévinas vient au monde –un
A l’époque, la Lituanie appartenait à l’empire tsariste et Kovno, ville natale de l’auteur, offrait à la famille Lévinas les avantages d’une ville de province où le développement spirituel et intellectuel était de mise[1].
En famille, chez les Lévinas, le judaïsme appartenait au quotidien et la curiosité intellectuelle prenait le pas sur l’enthousiasme mystique. Emmanuel étudie la Bible[2]. Son père lui permet, dès l’âge de six ans, d’apprendre l’hébreu biblique comme une langue moderne.
Suite aux difficultés liées à la Première Guerre mondiale, Emmanuel Lévinas connaît –aux côtés de ses parents et de ses deux frères– l’émigration en Ukraine (
Au terme de cinq années d’exil, la famille se rétablit dans son pays d’origine (
[1] Dès son enfance, il apprend, selon sa propre expression, «à lire le russe sur l’étiquette du cacao». Il bénéficie de la librairie parentale et accède à la littérature russe à travers les œuvres de Tolstoï, Dostoïevski et Pouchkine : «livres traversés par l’inquiétude, par l’essentiel, l’inquiétude religieuse, mais lisible comme quête du sens de la vie» (ELP
[2] Après guerre, Emmanuel Lévinas sympathisera avec un médecin gynécologue, Henri Nerson. Il lui dédie son livre Difficile Liberté. Le docteur Nerson lui fait connaître Monsieur Chouchani. Avec eux, il étudie le Talmud et apprend de M. Chouchani à regarder vers de nouveaux horizons. La rencontre de cet homme lui procure une «confiance dans les livres» et une nouvelle sensibilité à la signification pour l’humain «tout court». Cf. ELP
[3] Une limitation discriminatoire empêchait les enfants de familles juives d’accéder en nombre dans les écoles russes. Cf. ELL